Elle a besoin d’une petite cure détox
Je sens très vite quand elle va mal
Ma peau n’aime pas tropquand je mange du chocolat et je le sens passer
Elle se sent agressée si je la gomme
Elle a son mot à dire dans le choix de mes soins
Ma peau me dit merci
Elle ne supporte pas que je ne change pas mes taies d’oreiller assez souvent
Elle n’est pas trop capricieuse, malbouffe ou grosse bouffe, tout lui va
Ma peau a besoin de beaucoup de douceur
L’acné lui fait du mal, elle ne peut pas combattre ce fléau toute seule
Ma peau a une histoire
Elle délire complètement à coup de boutonnage intense
Ma peau est sur la voie de la guérison
J’écoute les besoins de ma peau
Elle a besoin de boire, de se nourrir
Si je ne la lave pas, elle râle le lendemain matin
Elle parvient à trahir mon âge sans parler
Elle n’en fait qu’à sa tête
Elle a décidé que du jour au lendemain, elle ne répondait plus à rien
Ma peau et moi, on est souvent d’accord
Elle aime bien quand je la masse
Elle aime quand je la chouchoute
Plus je m’occupe d’elle, plus je la sens soulagée
Si elle va bien, je me sens bien.
C’est dingue, plus le phénomène du soin prend de l’ampleur, plus tout le monde parle de son épiderme comme s’il s’agissait d’un troisième homme, un être à part qui a toute son importance.
Alors bien sûr, je suis aussi touchée par le phénomène, mais comme un gosse sur un manège, je n’avais pas la vue d’ensemble.
J’ai commencé à tiquer en voyant des filles parler en ces termes sur youtube, être dans une totale dévotion pour un ami imaginaire qui a son avis, ses humeurs, ses petits caprices qui changent chaque jour.
Le « ma peau me dit merci » m’horripile en un clin d’oeil, toute cette phrase résume entièrement ce dédoublement de personnalité qui n’accepte le corps que comme un patchwork ou chaque entité (jambe, lèvres, vagin) a son mot à dire. Bientôt les cuticules raconteront leurs histoires rocambolesques au bout des mains, les ongles pipelettes comment ils ont griffé le tableau noir.
Je suis en plein dedans, donc, mais un peu à part, plus dans le « moi-je » que dans le « ma-peau », puisque finalement, c’est MOI la planche à billets dans l’histoire, et la tête pensante de toute cette entreprise.
Je me demande si le marché des cosmétiques est en train d’atteindre son paroxysme en changeant carrément l’optique des acheteuses potentielles quand je lis des articles qui m’évoquent l’histoire de deux meilleures ennemies alors qu’on parle bien d’une personne et de son acné
Le sujet dévie toujours en société, sur la superficialité d’un tel engouement, que l’apparence n’est finalement qu’une porte ouverte sur toutes les conneries d’une fille en proie à ses états d’âmes de gamine.
Qu’est-ce qu’elles ont toutes à parler de leur peau ?
Il est nécessaire d’avoir une vision qui va plus loin que la beauté, plus loin que le cocooning, plus loin que le bien-être, et rattacher ce recentrement sur soi à une manière d’arriver à concilier toutes les parties d’un corps pour mieux être à son écoute.
Une sorte d’ouverture des chakras made in toi-même, un pass pour te donner le sentiment que tu as réussi à prendre le contrôle de ton derme, et que la résolution d’un problème TE (et non LUI) fait du bien .
Il faut voir l’espoir dans les petites victoires même si on est clairement pas sortis de l’auberge.
Ca pue encore le foin et la tête dans la paille, pour résoudre une telle pagaille il nous faudrait le routard cosméto-pratique, de quoi ne pas passer pour une donzelle à enfermer quand on affirme (en parlant de notre peau) « qu’elle ne va vraiment pas bien en ce moment ».
Mais on est un peu tous comme des boussoles, dermo-centrées, sans que cela nous pose un problème, puisqu’on n’est pas les premiers à se tartiner de crème et que l’image que l’on a de nous a toujours été évolutive et démembrée (un jour tu n’aimes que ton gros orteil, le lendemain tes fesses).
En quête d’un produit, votre corps déambule dans les rayons, mais votre, peau, ses petites crises du moment, vous essaierez de les apaiser en tentant l’impossible pour la satisfaire momentanément. Donc finalement, il y a bien deux décisionnaires ? Ou juste une fille schizodermique qui prend son temps ?
Cette histoire est trop perturbante pour MOI, MA PEAU a besoin d’un calmant.
Caribouland
Ton article vient de me faire prendre conscience que je parle beaucoup de ma peau à la troisième personne sans que je m’en rende réellement compte… ma peau et moi te disons merci pour cet article plein de bon sens ! Bisous !
bien vu ! et merci pour ce billet.
Comme je suis d’accord ! C’est complètement dingue cette histoire, on ne s’en rend même plus compte… Alors que notre corps, c’est pas juste une enveloppe, c’est entièrement, et complètement nous.. .C’est quoi cette mise à distance du corps, alors qu’il est complètement lié à notre psyché ?
Merci de nous en faire prendre conscience…
Et merci pour ce blog plein de fraîcheur, très très différent de tous les autres blogs « beauté » (car le but n’est pas de nous faire acheter !)… et bravo !
Belle journée !
Bravo !!! Je plussoye ce post de manière inconsidérée..Merci 😉
Très bon article, j’ai vraiment adorée, parce que c’est vraiment ça parfois ;).
Merci pour cet article tout plein de bon sens.
Oui, notre peau a besoin de soin digne d’elle, mais c’est pas pour autant qu’elle va devenir une vraie obsession pour nous.
Prenons toutes conscience que chaque peau a son rythme.
Autant pour les conseils pour prendre soin de sa peau que pour toutes ces pensées liées à la beauté, tu es certainement une des bloggueuses les plus intéressantes et qui ne se prend pas au sérieux!
C’est vrai qu’il y a un grand phénomène de mode autour du soin et de la beauté, cette manière de rejeter notre corps dans une autre personne, c’est peut -etre aussi une manière d’essayer de tendre vers un autre soi, celle qu’on voudrait dans les magazines… mais que l’on est pas.
Bonne journée Mona