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19 octobre 2014

Random Sunday

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J’ai failli vivre une semaine de l’enfer. Sans internet, ni télévision, sans aucune connexion avec le monde (virtuel) extérieur, la poisse totale intersidérale pour une fille comme moi qui double le visionnage d’un grey’s anatomy avec une session de candy crush histoire de rentabiliser son temps au maximum.

Quand le wifi a arrêté de fonctionné, j’étais comme un agneau amputé de son troupeau, en plein milieu du vide, sans envie de brouter.

 

Le lendemain, je faisais un scandale au téléphone parce qu’on m’avait résilié l’abonnement pour une facture non payée (sans rappel), complètement passée à la trappe avec la chaleur d’août et les oiseaux qui se barraient déjà vers les tropiques.

Gouzi-gouzi.

Augmentation FISSA de la data du gsm comme on va prendre un big mac au drive-in : « bonjour, j’aimerais avoir du full giga, je suis en passe d’être coupée de mon espace virtuel, je vais décéder sans fibre optique, dites-moi si vous avez de la bonne ».

La meudame m’augmente mon forfait de dix euros sans cligner de l’oeil au téléphone, et me voilà ultra connectée avec mon 4 pouces de smartphone samsung.

 

Le mac – qui n’avait aucun accès webbien – ne servait à rien (t’as déjà essayé le jeté dans l’abîme, la petite frayeur en essayant de voir « quoi branler » en coupant le wifi de son ordi ?)(parce que bien sûr, totoche de première, je n’avais aucun film sous le coude, j’étais vouée à traîner des pieds dans l’appartement à la recherche d’une radio, le truc qui émet des ondes sur la FM, histoire de m’occuper avant le boulot).

L’errance de la fille sans réseau, sans divertissement.

Avant on fabriquait des cabanes quand on s’emmerdait, mais j’ai pas de jardin.

 

Du coup, ma semaine a été un peu plus chaotique (entendre par là : la geekette avait du mal avec la diète forcée), on a pris un mini abonnement sur le wifi public, le genre de débit qui te rend hystérique une fois sur deux.

 

Vu que j’avais du temps

  • j’ai installé Yosemite
    5 gigas et 6 heures plus tard, je couinais devant le graphisme allégé mais moins devant les bugs permanents comme le double swipe back sur youtube (au lieu d’un) pour revenir en arrière, le bandeau noir qui apparaît dans finder quand je veux déplacer une image d’un dossier à un autre, la batterie qui se vidait comme un belge siphonne sa bière.J’ai suivi les conseils d’Axou, installé google chrome, et depuis CA VA un peu mieux, mais je suis encore occupée à chercher les pop-up de notifications qui m’évitaient d’aller VOIR sur twitter si on m’avait répondu. Préhistoire
  • je me suis offert un nouveau piercing
    petite drogue, en deux jours c’était plié, les renseignements le jour d’avant, l’aiguille dans le tragus le lendemain.
    Et moi pimpante, 5 minutes plus tard au sortir du shop.
    Je pense qu’il va être de loiiiiin le moins chiant de la troupe, j’attends de voir l’évolution, mais ça m’a l’air bien parti pour être mon doudou préféré
  • j’ai fini le premier tome de Divergente et entamé Bridget Jones (le troisième)
    faut croire que la légèreté m’a habitée, parce que ce genre de romans est clairement celui que je réserve aux vacances, quand je tripatouille les grains de sables d’une main et sirote un coca bien frais.Assez conquise par celui de Veronica Roth (même si le niveau littéraire reste assez bas, l’histoire me plaît !), j’ai eu un peu plus de mal avec le démarrage de BriBri, certaines tournures de phrase me rappelant l’univers de Pancol (et bon, Pancol ça va deux secondes)(j’ai mangé trois tomes)(oui je pousse le vice bien loin)
  • j’ai vu un film d’ahuri
    O’ Brother, avec THE George (enfin, Clooney n’était pas à côté de moi quand je l’ai visionné, s’entend). Trois évadés qui mâchonnent l’anglais de la vieille Amérique, une bande son GENIALE et beaucoup d’humour dans les dialogues et les poses. Un peu absurde, un peu cynique, une petite gourmandise 😀
  • la clarisonic a un peu fait place aux cleansing balms
    je passe mes journées dans le froid ces derniers temps, à essayer de faire signer des contrats à des gens qui ne veulent pas faire de sport (dans l’esprit du gosse qui ferme la bouche de toute ses forces parce qu’il ne veut pas gober la bouillasse d’épinards).Du coup ma peau ne supporte plus trop le nettoyage à l’eau chaque soir (m’est avis qu’en hiver ce sera la galère). Je me suis mise à me démaquiller depuis une semaine avec un nouveau baume démaquillant de chez Lulu & Boo, une petite merveille plantue, infusée de douceur, à la texture fine et agréable, qui m’évite le sur-nettoyage et m’assure une peau douce même sans crème. Je mets un soin par après si nécessaire et l’affaire est réglée

 

Donc voilà, la semaine ordinaire par excellence, passée à décorer un gâteau d’une route pour course de voiture, monter un meuble Ikea de deux mètres, essayer de retrouver mes baumes à lèvres préférés pour m’éviter le look « hey, j’ai la bouche qui s’effrite si tu la râpes ».

Manquait plus qu’on m’annonce que une sélection surprise pour être un participant de Pyramides et c’était banco.

 

Et même si je m’adapte, que je suis de bonne composition, je ne veux plus de farce dans les prochaines 24h, histoire de bien ruminer les jours que je viens de passer.

En essayant de nier qu’il traîne comme un fâcheux pressentiment sur le technicien internet qui doit venir demain dans une fourchette de « midi à 6h » :

S’il me sort qu’il ne sait rien brancher, je le cloue au mur.

S’il me sort que je retrouve ma cachette de geekette, je sors la hache et lui coupe la jambe (faut bien montrer sa joie).

PS : Si votre coeur est fait en sucre et pâte d’amande, j’ai besoin de votre soutien pour les weekend blog awards et faire gagner la troupe de Caribous que nous sommes, je suis nominée pour la deuxième fois dans la catégorie bowté, ça me touche !! 

 

Voici la marche à suivre (ULTRASIMPLE GRAVE KIBOUGEDUBOULE) :

Capture d’écran 2014-10-08 à 09 Fotor===> cliquer sur l’image ci-contre ou sur ce lien 

===> voter pour le blog (page 3 du lien)

===> et ensuite cliquer sur « Suivant » en bas, jusqu’à arriver sur la dernière page et mettre votre mail, ce qui va valider le vote

 

 

ATTENTION, SANS LE MAIL, le vote n’est pas valide !!!! Donc faites ça bien, je compte sur vous !!!!  
Merci pour votre soutien !

 

Des Bisous les Caribous !

 

Caribouland
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30 avril 2014

Culture beauté : trois livres pratiques sur les cosmétiques

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Quand j’ai commencé à faire ma goumiche et à m’intéresser à la peau et ses mouvements (flexion de la bouche, clignement de l’oeil, point noirs à volonté), il a fallu que je me renseigne.
Dans n’importe quel domaine, on vous tiendra le même discours  » si tu veux parler de patate, cultive la pomme de terre ».

J’ai donc organisé mon potager et commandé plusieurs bouquins qui m’ont beaucoup appris depuis et que je consulte encore régulièrement pour ne pas dire de conneries et me rappeler si une huile essentielle particulière convient pour une peau réactive, ou si les parabens c’est le mal.

 

Ma bible en trois parties

Le number one : La vérité sur les cosmétiques

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Rita Stiens, l’auteure, est à considérer comme une personne très éclairée qui charcute les codes et appellations chimiques pour les rendre plus clairs aux yeux du consommateur.

Quand je me suis procuré cette édition de 2012 (mise à jour régulièrement), j’étais au commencement du blog, je n’y connaissais rien, et dans ma recherche de vérité et de réponses par rapport à la jungle cosmétique, j’avais envie de faits claquants bien imprimés sur le papier.

 

Ce qu’on y trouve :

  • tout ce qui concerne les labels et les certifications européennes : sur son site on peut trouver un codage avec des petits smileys, qui classifie les ingrédients des plus bénéfiques à ceux qui sont douteux
  • on y parle des différents champs de la cosmétique : naturelle, bio, traditionnelle, de quoi avoir une vue d’ensemble sur le secteur
  • on y parle de la peau, à quoi sert un sérum ou une crème, ce que sont les actifs efficaces en cosmétique naturelle
  • des produits pour le corps, les cheveux, de ces ingrédients jugés contestables dans les produits du commerce

 

Chaque catégorie propose l’analyse d’un produit de base avec une explication des composants et leur action au sein du soin.

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Je conseille ce bouquin à ceux qui veulent absolument mettre leurs mains dans le cambouis et ont soif d’apprendre de nouvelles choses sur le sujet. Selon moi, il faut vraiment prendre du recul et rester plus qu’objectif en lisant ce livre car il est clairement dirigé et met en garde de façon très (trop) alarmante sur les soins qu’on a l’habitude d’utiliser mais qui contiennent une grande part de chimique.

Néanmoins, il reste un bouquin que j’adore toujours autant et qui éclaire bien le terrain de la beauté et son commerce (parfois abusif) sans que cela soit pompant et inaccessible pour une personne lambda.

 

Le number two : le guide Marabout des Huiles essentielles

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Dans les rayons, j’avais énormément hésité avec la bible de Festy, qui est considérée comme la bible à avoir quand on s’intéresse de près aux plantes et huiles essentielles.

Mais en le feuilletant, je ne sais pas, il y a un bidule qui n’a pas pris, c’était trop alambiqué et pas assez festif (Festy, festif, allez rigole), donc je me suis rabattue sur l’édition de Marabout, en me disant que de toute façon, je n’avais pas besoin d’informations poussées mais surtout d’une petite mise en bouche sur ce milieu.

 

Ce qu’on y trouve

  • les méthodes d’extraction, de quoi clairement comprendre les différentes bases que l’on peut obtenir à partir d’une plante
  • des descriptions pour comprendre la composition d’une huile essentielle (cette partie-là est courte et un peu plus poussée mais toujours intéressante)
  • les précautions d’emploi (parce que NON les HE ne sont pas des huiles, mais des bombes naturelles très actives !), les moyens de les utiliser, les huiles végétales
  • certains hydrolats et HE les plus répandus sont dans le livre, avec leurs bienfaits, usage, et dosage (à creuser, parce qu’il n’est pas précis, on parle de dilué, non dilué, etc.)
  • et une partie sur ce que l’on peut soigner avec les huiles essentielles

 

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Comme livre de base pour en apprendre plus sur les plantes et leur pouvoir à travers les huiles essentielles, il est vraiment bien fait.

Il trouve ses limites dans la posologie qu’on aimerait plus complète à certains endroits, mais on découvre tellement, des appellations recommandées aux maux du quotidiens que l’on peut soigner simplement, que je lui pardonne.

Et puis le fait qu’il soit très lisible (comme tous les ouvrages Marabout) et peu cher est plus qu’appréciable.

 

Le Number three : La Peau (la dermatologie au service de la beauté)

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Cet  ouvrage est sûrement celui qui me concerne le plus, parce que je l’ai acheté dans le désir d’en savoir plus sur « la peau, la peau, la peau »!

 

Ce qu’on y trouve

  • de tout : la cosméto pure et dure, les ingrédients, comment choisir ses produits, et des conseils santé
  • chaque partie passe en revue tous les aspects du thème abordé : si l’on parle de la peau, on parle des muscles, des pores, du sébum, du film hydrolipidique, de la sueur, etc.
  • énormément de pistes pour certains problèmes, citées ci et là

 

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Clairement, il ne s’agit pas d’un livre écrit pour être fluide. Même si les rubriques sont très claires, la lecture me fait l’effet d’être dans un rayon de bibliothèque dont je passe en revue les titres en suivant l’alphabet.

Donc, plus on avance, plus on a l’impression qu’on nous lance plein d’idées sans recevoir assez d’explications, mais il se cache une manière logique de voyager dans « La Peau » sans s’y perdre : imaginez un dictionnaire qui aborde la dermo-cosmétique de manière décomplexée et vous aurez ce bouquin.

Il n’est absolument pas nécessaire de le lire en un coup (comme Mona la Maboule), mais plutôt d’y prendre de temps en temps les informations qui vous intéressent sur le moment.

 

Bien sûr on trouve généralement tout ce qu’on veut sur internet aujourd’hui, mais avoir des bouquins spécialisés sur les domaines qui nous passionnent peut souvent changer la donne : parce qu’ils sont écrits par des personnes qui sont inscrites dans le milieu qu’elles décrivent (dermatologue, spécialiste de la cosméto naturelle, diplômée en phytothérapie) et apportent donc une vision toute neuve à celle que l’on s’est forgée.

Mes trois petites bibles sont totalement abordables (financièrement et intellectuellement) et il ne faut pas avoir fait Bac + 10 pour capter chaque mot.

A vous de voir si vous voulez plutôt l’avis d’une justicière de la liste INCI, d’une passionnée de plantes ou d’un spécialiste du plus grand organe du corps humain, à mon avis ils se complètent impeccablement.

 

Des bisous les Caribous, et bonne lecture !
La vérité sur les cosmétiques – Rita Stiens (23 euros)
Le guide Marabout des HE – Fabienne Millet (18 euros)
La Peau – Hill-Sylvestre et Ottavy (16 euros)

Caribouland
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15 février 2014

« La femme parfaite est une connasse », ou le torchon de l’année

fevrier-2014-8707.JPGJe suis bien contente que ce livre me fut offert il y a quelques mois, parce que si j’avais mis mon argent dedans, j’aurais eu mal au fessier (sûr que j’aurais été à la Fnac, il y avait un tel tapage autour et une fille à qui on collerait des baffes sur la couverture qu’un billet de cinq euros se serait vite perdu).

 

Règle N°1 : On cessera de bitcher sur une femme parfaite qui n’existe pas

Honnêtement, entre le bitchage gratuit, le retour du mot connasse à chaque page, et une pauvreté de vocabulaire assez conséquente, j’ai eu du mal à rentrer dans le jeu.

Censé être un guide pour la femme imparfaite, on se retrouve avec un torchon entre les mains, qui ne fait que crier « girl power à la fille qui plante son talon dans une bouche d’égout et continue d’hurler du Lara Fabian », ou encore « ne craignez pas de passer pour une idiote devant Jean-Michel quand vous évoquerez la vie intense de votre chat siamiois. On a tous des passions. »

(phrases perso introuvables dans le livre, ne cherchez pas)

 

Mouais, j’ai vu mieux comme mise en avant de la femme et ses défauts, un livre sur une woman lambda qui ne fait pas avancer le schmilblick (ni le flux électrique entre tes neurones), beaucoup trop superficiello-comparatif et qui me rappelle vaguement le genre de généralités qu’on nous sort en gros titres de magazines.

Consternant.

 

Règle N°2 : On arrêtera de publier des livres à la mise en page complètement branlante

Incroyable (mot fétiche du mois, t’as vu), d’une page à l’autre on passe d’une typo de taille 12  à une taille 14 sans crier gare (enfin si, ça crie « on veut remplir l’espace coûte que coûte, et on t’emmerde si ça te fait mal aux yeux), on utilise des pages entières pour écrire une phrase ou faire des bons bidons à découper.

Sérieusement, qui est la cruche qui va s’empresser de découper un véto à donner à son amie pour ne pas se jeter sur le beau gosse qui vient d’entrer dans le bar ?

 

Une arnaque qui aurait pu se concentrer sur 30 pages et qui s’étale sur plus de 150, tu parles d’un gage de qualité.

 

Règle N°3 : Tu apprendras à écrire dans une cohérence toute organisée

Hier, quand j’ai refermé le bouquin-torche-cul après 20 minutes de profond ennui, je me suis dit que l’expression « what’s the point ? » était la plus appropriée.

J’avais le sentiment d’avoir lu un recueil de notes écrites sur des napperons lors d’un mariage, collées ensemble avec de la mayonnaise et un peu de niaiserie, et TADAM, cadeau le peuple, ça dégouline de partout mais on te le vend comme un chef d’oeuvre.

Sûr que dans mon ancienne école d’art c’aurait fait un carton.

 

Les énumérations successives des déboires de la femme « normale » qui ne sait ni cuisiner (ou qui refuse de le faire), ni avoir un semblant de dignité, de vie sociale intéressante, montre un côté blanc et noir qui n’apaiseront pas les défauts qu’on veut bien montrer chaque jour au monde entier, s’autoriser à planter son petit doigt de pied dans le meuble du salon trois matins de suite n’est pas une preuve d’imperfection.

Ca te prouve juste qu’il faut sûrement changer ton armoire Fülblurguuu de place.

 

N’achète pas ce bouquin, ne crève pas d’envie de te jeter dedans, car même si je suis la première à brandir la pancarte »montre tes fesses pleines de cellulite » pour que tu assumes un peu mieux les madeleines que tu manges en file indienne, « la femme parfaite est une connasse » est un livre qui manque énormément de classe.

Le petit guide pour la bourrine sûrement, mais pas pour moi.
Je suis peut-être une connasse finalement.

Caribouland
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24 octobre 2013

Irving, mon amour, j’ai visité L’hôtel New Hampshire

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Je voue un culte à cet auteur.

Comme à quelques autres, mais celui-ci obtient la palme de l’écrivain qui retranscrit la pure réalité comme s’il nous faisait un cake aux pommes : avec l’aisance d’un pâtissier qui sait ce qu’il fait.

 

J’avais déjà lu un livre de lui, Le Monde Selon Garp, et quand j’avais refermé le bouquin, la fin m’avait mordue si fort que j’étais restée bouche bée, un peu béate à cause de l’histoire contée.

Ca arrive peu souvent aux gens, de rencontrer un univers qui se colle si parfaitement à leur âme.

En général on cherche un peu d’amour dans des romans typés, un peu d’enfance dans des récits de coin du feu, un peu de frissons dans les livres à suspens.

Puis on tente de faire un patchwork qui ait de la gueule.

 

Ce qu’il y a entre Irving est moi va au-delà de ça, c’est aussi irrésistible qu’une romance qui finit mal puis reprend, c’est aussi tentant que de rater son train exprès pour rester au soleil, c’est aussi grisant que de prendre son vélo pour avaler les routes de campagne.

Il réunit ma nostalgie, mon amour, mes envies, mes peurs par rapport à la vie ou la mort, ces détails que je vois chez les gens, il les peint, il donne le juste relief au monde que je vois passer.

 

C’est un constructeur de personnes, et non de personnages, un magicien.

 

Donc, si je devais vous recommander un premier livre, il faudrait que vous attaquiez Le Monde Selon Garp.

Pour tomber tout nu dans le trou qu’Irving creuse pour ses lecteurs, le trou dans lequel on veut s’enfoncer plus profond pour épouser ses paroles.

 

Puis comme plat de résistance, vous pourriez entamer la visite de L’Hôtel New Hampshire.

Il nous pousse à y vivre avec la famille Berry, le grand-père accro à ses haltères, le père et la mère si liés, les enfants turbulents et le chien qui pète sans arrêt.

John qui nous parle des figures qu’il côtoie, Lilly qui refuse tout net de grandir et restera petite à sa façon, Frank qui est un peu trop austère et psychorigide, Franny la plus belle qui n’en finit plus de se libérer de ses démons.

On croise un Ours, puis une Ourse, des putains qui nous veulent du bien.
Leur voyage est raconté comme l’errance fataliste d’une famille d’un Hôtel à un autre, chaque fois sans succès, bien qu’au bout du tunnel la lumière finisse par se voir dans les yeux des protagonistes.

 

C’est un peu rude, un peu long, mais qu’est-ce que la longueur lorsque l’on fait le récit d’une vie ?

J’ai donc dévoré chaque mot comme une gamine qui écoute son père lui inventer une histoire et ne veut pas qu’il s’arrête avant d’avoir enfin atteint le dénouement.

 

Il n’y a rien de si extraordinaire dans ce livre, si ce n’est chaque page, et cette absurdité réaliste qui nous fait accepter sans peine qu’il y ait des décès silencieux et des morts bruyantes.

Finalement, si j’aime autant cet auteur c’est parce qu’il ne tente pas d’être un faiseur de rêves ni un bonimenteur, je crois à tout ce qu’il me dit parce que je l’ai vécu, à ma manière.

Aucune idée de quand je croiserai à nouveau Irving, peut-être sur une plage ou encore dans mon lit, mais il est sûr que je ne l’oublie pas.

Jamais je ne le quitterai.

Caribouland
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26 mars 2013

Certaines n’avaient jamais vu la mer

J’avoue tout, j’avais d’abord voulu acheter ce bouquin à cause de sa couverture, quand il était sorti en librairie.

Puis la vie a suivi son cours, j’ai acheté une liseuse, et après m’être battue avec le site de kobobooks, j’ai téléchargé « Certaines n’avaient jamais vu la mer ».

Je ne connaissais rien de l’auteur, j’avais lu le synopsis en diagonale, mais rien que l’idée que le récit me donne un bout de Japon me plaisait.

 

L’histoire

« Les visages, les voix, les images, les vies que l’auteur décrit sont ceux de ces Japonaises qui ont quitté leur pays au début du XXe siècle pour épouser aux États-Unis un homme qu’elles n’ont pas choisi.
C’est après une éprouvante traversée de l’océan Pacifique qu’elles rencontrent pour la première fois celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui dont elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir. »

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Mon avis

Alors, tout d’abord, dans les auteurs japonais, je suis plutôt fortement habituée à l’écriture à la fois volante, transparente, absurde mais tout aussi tenace de Haruki Murakami.

Donc j’ai un peu été chamboulée dès l’ouverture de ce livre parce que la structure est complètement inattendue.

On nous envoie au visage des phrases.

Des phrases simples, qui commence par un Nous, qui désigne un On, une foule, dont on décrit à chaque fois une action, une situation apparentée à une personne en particulier mais qui est vite emportée par le flot du récit.

 

J’en avais parlé à un ami, de ce livre, en le décrivant comme une sorte de photographie de masse, dans laquelle on passe d’un visage à un autre, sans vraiment retenir les histoires de tout le monde.

C’est très bruyant, il y a beaucoup de paroles qui s’échappent des phrases, on est à la fois dans le très concret (sujet verbe complément), mais aussi dans toute une série de sous-entendus.

 

Aurait-on du aider ces japonaises exilées ? Qu’ont-elles vraiment mérité ? Que vont devenir leurs enfants qui se comportent comme des gosses de blancs ?
Je pense que même s’il s’agit d’une mosaïque très juste, il est plutôt difficile d’aimer ce bouquin à moins de le prendre comme il est, et non pas en ayant l’impression que l’auteure se cramponne au rebord d’une piscine sans oser prendre le large .

L’impression de ne capter que des bribes de conversations, mais qui mises bout à bout, sont la voix de ces femmes, de chacune d’entre elles, de toutes à la fois, peut décontenancer.

C’est un bouquin qui se lit très vite, et qui laisse un goût amer si l’on se prend à repenser à ces femmes qui sont venues de l’autre bout de la terre pour un homme qui n’était pas si proche de l’idéal concubin dans la réalité, qui se sont tuées au travail, et ne sont restées qu’un souvenir presque fade dans l’esprit des gens qui ont croisé leur chemin.

 

Je le recommande

Parce que  malgré que j’aie mis du temps pour apprécier ce bouquin, c’est surtout d’en avoir parlé au détour d’une conversation qui m’a fait prendre conscience que, au-delà du style propre à ce livre, Otsuka est vraiment une artiste.

Aux personnes qui sont des lecteurs bien rodés, qui n’ont pas peur des phrases courtes ni d’être un peu chamboulés par ce pan de l’histoire américaine que peu de gens connaissent finalement.

 

Je vous laisse avec une vidéo de présentation de « Certaines n’avaient jamais vu la mer » par l’auteure elle-même.

En tout cas, après cette lecture, j’ai bien envie de continuer à découvrir son univers (et quelle chance, elle considère ce récit comme une préquelle à son précédent ouvrage « Quand l’empereur était un Dieu », du coupj’ai fait les choses dans l’ordre)

 

Bonne journée les Caribous !
(Vous lisez quoi en ce moment ?)

Caribouland
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