31 octobre 2012

Tout ce silence autour des pages

J’ai été élevée dans l’amour des lettres jusqu’à plus soif, l’envie d’escalader l’alphabet, d’arriver à Z et de reprendre par A.

C’était la première révélation évidente dans ma vie, comme une succession d’étoiles qui me menait chaque fois où je voulais.

Je découvrais le fabuleux pouvoir de m’exprimer et je me sentais pousser des ailes, et au bout de mes premières années d’apprentissage, j’étais déjà devenue un lièvre, une spécialiste de la lecture rapide.

J’ai commencé à demander des livres à mes anniversaires, des piles et des piles s’entassaient autour de moi lorsque la fête prenait fin, et je restais les yeux brillants assise au milieu de ces murailles magiques qui soufflaient des contes et des fantasmes à mes oreilles.

J’étais déjà perdue parmi les songes et je ne voulais plus en sortir, quoiqu’il arrive.
Et puisqu’on ne peut rien contre le temps, l’enfant que j’étais a commencé à grandir.

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Au fur et à mesure des années, je me dirigeais un peu plus vers les bouquins plus sobres, moins colorés, aux récits plus compliqués aussi. Le virage est un peu différent, tout coûte plus cher, la littérature se fait luxe du citoyen moyen, on peaufine sa collection, on remplit les trous dans les cartons, on essaye de trouver de quoi un peu plus combler ce manque d’aventures.

On s’exile hors de chez soi, on investit des lieu qui sentent le papier neuf et les feuilles qu’on froisse ; les librairies sont des endroits cossus où je me sens à ma place.

Je poursuis toujours le même manège, je me traîne dans les rayons, je caresse les couvertures, retourne certains livres, regarde le prix, le résumé, puis le range en le faisant glisser sur la pile.
Il y a des livres qui ont la tranche précieuse, d’autres qui sont plutôt moches à voir.

 

J’avoue accorder énormément d’importance à ce que je vois.
C’est la première chose qui me parle, ça me donne une idée de l’univers dans lequel je m’embarque.

La lecture c’est mon manège enchanté, c’est monter sur un cheval en bois et vouloir faire des tours sans s’arrêter, pour ne pas voir la fin, le moment où l’on devra descendre pour changer de féerie, passer des miroirs multiples à la réalité simple.

Je me projette souvent, quand je lis.

Trop parfois, souvent je me baigne dans les mots jusqu’à être proche d’un autre quotidien, à pouvoir sentir les personnages, me balader entre eux, être dans leur cuisine, à coté de leur lit, pouvoir sentir leur odeur, leur plainte, leur soucis jusqu’en moi.

 

Il y a peu d’écrivains qui me font cet effet là.

Mais quand ils réussissent ce tout de force, qu’ils renversent la réalité qu’ils nous mettent la tête en bas, les pieds sur terre et la tête dans les nuages, qu’on perd la notion même de SENS et qu’on tend vers un impossible qui devient si réel, alors on touche à la perfection.

 

C’est ce que je recherche, la valse.

Passer d’un petit pas à un autre, survoler la ligne des rêves tout en ayant un pied au sol.

C’est comme de jouer à la marelle et d’aller plus loin que le ciel.

Il y a tout ce silence autour des pages qui m’angoisse et me rassure, et fait perdurer ces minutes intenses dans ma tête à mesure que j’avance, que je mange un récit.

 

J’aime tellement ça, j’aime tellement lire.

Même si ces derniers temps je lis moins, je prends toujours autant de plaisir à dévorer un bon bouquin.

 

Bon début novembre !

Caribouland
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10 réponses à “Tout ce silence autour des pages

  1. Lulu

    Tout le reste de mon commentaire a été effacé?! Ah ben zut, pour une fois que j’étais passionnante. Bref, je disais que j’étais tout à fait en accord avec ce que tu y exprimais. c’est curieux comme on peut se sentir ‘à la maison’ dans une librairie. Un plaisir tactile et olfactif à palper les livres, sentir les pages, et enfin, quand on a choisit celui (ou ceux!) qu’on allait adopter 🙂
    L’image est encore très présente dans ma tête, quand je me suis retrouvée à l’hôpital, personne n’était encore au courant, et la seule chose avec laquelle je me retrouvais était mon livre (Tour du monde en 80 jours) qui me servait de doudou pour la nuit et la journée.
    Ravie de pouvoir relire tes chroniques littéraires, la Rose

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  2. Marion

    Je n’aurai pû mieux exprimer ce que je ressens aussi face à cet univers fabuleux des livres… Je reste juste un peu sur ma faim : j’aurais voulu que tu partages avec nous justement quelques titres de livres qui t’ont tant plu.. Peut-être par la suite???
    En tout cas, quelques soient les sujets, c’est tjs un plaisir que de lire ton blog!

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  3. Diane

    Je crois que rien que par ta façon de rédiger tes textes, de formuler tes pensées ont peut déceler cette passion dont tu parles et dont tu t’es surement bien imprégnée

    Je peux comprendre cette passion, lire peut être magique, un voyage, une thérapie, une nouvelle façon de voir les choses ou des les découvrir etc…malheureusement avec le temps je me suis mise à lire de moins en moins et ne fais dont pas partie des « accros follement amoureux de livres et de la lecture » XD mais ça ne m’empêche pas de savourer parfois une histoire, un livre…

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