29 août 2014

Un banc sous les fesses

knokke.jpg Hier je suis allée à la mer.

Voir la vue, les mouettes grosses comme des dindes, sentir un air qui n’avait rien de marin (ils mettent quoi dans le cul des baleines pour aseptiser l’atmosphère de la côte ?).

 

Puis surtout observer la grande hollandaise un peu belge, un peu fofolle et à côté de ses pompes, qui vendait des croûtes comme des petits pains. Et mon regard hagard qui n’y comprenait rien.

Dans l’ensemble, son art impressionnait les foules enfantines, les gosses se collaient à la vitrine pour littéralement la lécher en lançant des « ha » et des « ho » par moments à la vue de tableaux.

Une grand-mère a eu du mal à décoller son gamin de la façade du magasin, d’autres familles essayaient d’empêcher leur progéniture de détruire les gouaches, d’y coller leur crotte de nez en signe de gratitude, entendre par-là un « je me souviens, je dessinais comme ça quand j’avais 2 ans, maintenant j’en ai 4, tu comprends ».

 

Une mascarade qui a duré toute la journée, la cliente mécontente allait chez la flamande pour acheter un désastre de peinture innommable, il y avait une petite foule dans le magasin de photo qui voulait qu’on accède à tous ses souhaits (moins de bourrelets, de taches de chocolat, pas de serre-tête sur les bouille des enfants, une maman plus proche dans le cadre et basculer papa si possible).

On aurait dit que les vagues comme le vent charriaient des passants et les amenaient par bourrasques, des bonshommes pressés jetés dans le quotidien de vendeurs à leur service.

 

J’ai passé pas mal de temps à les observer, à me demander si finalement, tous ces gens, bien loin de la vue qu’ils pouvaient s’offrir (ciel gris sur mer grise sur plage blanche et cabanons pâles), n’avaient pas oublié de lâcher du lest, d’arrêter les caprices.

De souffler un bon coup.

Ou respirer, c’est selon.

C’est le petit comble des résidents passagers de la côte, de ne plus saisir le charme du paysage, d’avoir envie de faire tout vite, tout de suite, parce que le touriste est roi et qu’il a droit à une frite en sable sur la plage s’il le veut.

 

Oui je crois que je préfère garder un banc sous mes fesses pour voir le monde tourner à son rythme autour de moi. Et prendre le temps de me poser un peu.

Caribouland
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5 réponses à “Un banc sous les fesses

  1. Pauline

    À chaque fois que tu parles de ton pays j’ai envie de chialer !
    Je suis née à Hazebrouck (je ne sais pas si tu connais !) dans le Nord et actuellement je vis à Toulouse dans le Sud. Mon pays me manque… J’ai fait découvrir le Nord et la Belgique à mon Toulousain de mari, il est tombé sous le charme… évidemment ! Et cette année, c’est Noël dans ma famille !!! J’ai hâte !! Et les plages et la mer du Nord, moi je les aime !

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  2. jujuK

    Je suis émue à la lecture de ces quelques lignes, et à la vue de ces deux images… Je viens de Picardie, pas si loin de chez toi donc, et j’ai vécu plusieurs années dans le Nord, et je suis souvent allée me balader sur ces belles plages, étendues et calmes… Quel délice.
    Malheureusement, souvent on ne voit pas la beauté qui est juste sous nos yeux, car il y en a partout, en Belgique, en France, et ailleurs. Ouvrons l’oeil, et arrêtons-nous pour souffler, laisser le temps s’écouler et… profiter !
    Belle journée !

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