17 juillet 2013

Puduku évolue du ver à la limace

 

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Hier, entre un scampi et un morceau de mangue, j’ai senti la crève s’installer.

La bonne vieille, celle qui te donne envie de te rouler dans un plaid et de te la jouer saucisson aigri qui pense qu’il va mourir dans la minute qui suit.

 

J’ai pensé que j’étais sûrement en train d’agoniser en partie parce que je vis dans un appartement où chaque électroménager a décidé de planter depuis qu’on est arrivé, et que ça me fait me sentir coupable alors que je suis innocente.

Je joue avec ma vie depuis quelques semaines par la même occasion et je commence à en avoir ras le pompon.

 

Avant-hier, j’ai bu pour la troisième fois en deux semaines du lait caillé, et vomi  dans la foulée.

A l’aube comme ça, rien de plus efficace pour se réveiller.

Trop absurde pour être une coïncidence, je me suis demandée si le frigo tournait comme il fallait pour me flinguer trois boîtes de lait sans lactose à deux euros la pièce en aussi peu de temps.

Puis je me suis dit que la limace avait encore frappé et que le frigo faisait de la résistance en m’envoyant de mauvaises ondes.

 

La limace, c’est puduku-le-colloc, celui qui a atteint un niveau de connerie jamais égalé en étant toujours aussi peu conscient d’être un nigaud.

Décidant qu’il n’avait pas encore atteint le summum quand il avait commencé à bâtir une fausse cloison « insonorisée » avec du placo et des boîtes d’oeufs bombées en argent et mauve par ses soins, il s’est mis à cumuler.

 

Il y a d’abord eu les larves.

Que je vous explique : en milieu chaud, une mouche ça pond, puis se développent très vite des vers qui rampent comme des couillons sur les dalles en espérant échapper à ton balai.

Lui, il avait décidé qu’avec un spray anti-mouche, ça allait bazarder la vermine aux zoubliettes.

Un heure après l’avoir entendu faire son ramdam, je me pointe dans la cuisine où il m’annonce, fier comme un coq qui vient de féconder tout le poulailler, qu’il a nettoyé toute la mini-terrasse et qu’il n’y a plus l’ombre d’un parasite.

Soit, ça sent l’ammoniaque jusque dans mes poumons du coupje me décide à le croire.

 

Quand il s’en va s’installe un doute persistant dans mon esprit, une intuition féminine tu vois, qui commence à crier WARNING à pleine voix parce que, comme quand t’es malade, tu as le pressentiment qu’il y a un stuut qui tourne pas rond.

 

Comme de juste, en ouvrant la porte je tombe nez à nez avec une colonie de vers qui gambadent incognito en pensant qu’on ne leur fera pas la misère.

C’est tropfort : Puduku a donc nettoyé quelque chose, mais apparemment, il a pris soin d’éviter la vermine.

COMMENT CE FESSE ?

 

Quelques semaines plus tard, alors qu’il a encore entrepris de battre le record d’élevage de tasses usagées exposées sur le lave-vaisselle (et non DEDANS, le chemin vaisselle-machine à laver n’a toujours pas l’air de faire écho dans son esprit), il me fait vivre une nouvelle aventure.

Un matin, je rentre pouilleuse de soirée, je sens la fumée, je ne suis pas clean des pieds, j’ai juste envie de me jeter sous la douche et de faire la fête au gel moussant. Je fais durer le plaisir et reste dans mes odeurs corporelles le temps d’une tasse de café, d’une doudouce au chienchien à sa mémère, et de faire un tour sur le net.

Bon ok, je fais la glandue pendant trois heures.

Et de loin, j’entends Puduku en grande forme, qui émerge déjà à midi (gros spectacle, la limace qui décide de s’extirper de son antre en milieu de journée), et qui annonce à la femme de ménage qu’il va « faire des courses, des petites soldes, organiser ses vacances » et qu’il ne rentrera pas tout de suite.

Je ne sais pas de quelles vacances il parlait, mais moi je pensais que tous les jours il était en repos vu sa pose avachie dans le canapé.

 

Même les coussins avaient pris la forme de son corps.

 

Bref, je me dis que l’adorable polonaise qui prend déjà la peine de ramasser ses crasses doit surtout être contente qu’il se taille, et moi j’en profite pour m’armer de mon essuie de bain et me pointer dans la salle de bains pour me refaire une beauté.
Tropcontent d’avoir eu une baignoire pour lui tout seul ce jour-là, il a du avoir un court-circuit dans la caboche parce que dans ma tête ça a ricoché tellement violemment que j’aurai pu le pendre, le Puduku.

De grand matin, TOUT son linge sale macérait dans la baignoire dans une eau blanche de produit à lessiver d’où on voyait des fringues flotter à la surface comme des corps morts.

 

Donc.

Je pense que j’ai buggué à ce moment-là, je m’imaginais me doucher en plein milieu de cet amas humide, j’ai eu des frissons de dégoût qui me sont remonté si haut que ça devait toucher le ciel.

Et j’ai reclaqué la porte sans intention aucune de remettre les pieds dans cette pièce de toute ma vie.
Les heures passent, l’ignare a sûrement décidé de faire des grosses soldes parce qu’il ne se montre que quatre heures plus tard, au moment où, comme de juste, il doit repartir fissa pour son boulot.

Il affiche sa tête à la porte de ma chambre et me demande si, à 16h, j’ai besoin de prendre une douche.

Je lui répond « bah oui », j’ai envie de rajouter « connard, ça fait une plombe que j’attends », pendant que je m’imagine lui scalper la tête et en faire des lamelles de viande à donner à manger à mon chien.

Il répond « ha zut, je devais justement repartir travailler », du coupil se dirige comme un obus vers la femme de ménage qui s’apprêtait à déguerpir et il lui demande de vider la baignoire.

 

HALLU-CI-NANT d’incroyablité.

 

Elle a fini ses heures de boulot, elle est déjà en tenue de ville, et il la harponne sur le pas de la porte comme si c’était normal de demander hors heures facturées de ramasser son bouzin.

Elle l’a quand même fait, mais elle a bien laissé ses fringues imbibées de savon, je suppose qu’elle lui en voulait un peu aussi.

Les habits sont toujours sur le rebord du bain, je suppose qu’un jour un arbre va pousser de l’aisselle d’un de ses t-shirts.

 

Je pensais avoir atteint le fond, mais une limace a une vie à l’humour folklorique.

La dernière énormité en date c’est Puduku qui s’achète un lit, un lit électrique.

 

Et alors qu’on mange au restaurant où il sert, il sort en plein milieu du service de nos assiettes « et Mona, t’as pas besoin d’un lit ? Comme j’en ai acheté un nouveau, je te donne le mien ».

 

Je regardais le pain que j’étais occupée à beurrer, j’avais une olive en bouche et la main crispée sur le couteau.

Je pensais que j’avais mal entendu, mais apparemment, il pensait vraiment que j’allais dormir ne serait-ce que sur le même sommier que lui.

Mais dans quel espèce de monde il évolue, le bougre ?

 

Je préfère me couvrir le corps de jambon de parme et défiler pour la fashion week à moitié nue que de me coucher là où il s’est déjà étalé comme une carpe.

 

Daaah.

Bouaaaaah.

 

C’est tout ce que ça m’inspire.

On le pousse toujours plus loin, mais il fait comme la vague qui revient sans cesse sur le rivage, il ne comprend rien.

Pour tout vous dire, je suis même presque sûre que c’est son idiotie qui m’a rendue malade.

 

J’ai plus qu’à m’enterrer sous ma montagne de mouchoir en regardant Moi Moche & Méchant, tout en priant pour qu’il ne me parle pas de la journée.

De toute façon s’il me cause, je pourrais lui répondre en faisant des gargouillis ou une imitation de stitch plutôt approximative.

 

A mon avis ça suffira pour le tenir éloigné quelques heures.

Caribouland
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16 réponses à “Puduku évolue du ver à la limace

  1. Chris Boubou

    La crève n’a en tout cas pas eu raison de ton humour légendaire… et c’est tant mieux pour nous ! ^^
    Merci pour ce rigolo billet, et bon courage !
    Bises

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  2. The Flonicles

    Haha. Bon ok, ça doit pas DU TOUT être comique pour toi, mais pour nous ces histoires sont un régal! Je te plains (et vous avez quand même la chance d’avoir une femme de ménage sinon ce serait pire non?)

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  3. sophie

    J’ai beaucoup ri en lisant ton article! Merci pr ces instants de détente. En tout cas je compatis fortement et t’admire de ne pas craquer et de ne pas envoyer paître Puduku !

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  4. Poupette

    Et oui, il y a des moments comme ça, où on se dit qu’il serai urgent de trouver un coffret à trèfles à quatre feuilles, avant que la maison n’explose

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  5. Makeup of Tea

    C’est fou comme il me fait penser à mon ancien coloc’… Un certain J. (comme celui à la baleine), serveur aussi, dégueu et débile aussi…

    Personnellement, ça s’est mal fini et mon coloc et moi l’avons un peu foutu dehors à force de péter des câbles face à son mode de vie…! Courage ma belle!

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  6. eveange66

    Ah les joies de la coloc.. De ma vie je me suis juré craché que plus jamais (j’ai donné plusieurs fois, hélas dans mon cas) je ne mettrais un orteil dans ce système, même si c’est bien pratique et agréable souvent. Bon courage ! Et si tu peux, fais marcher un diffuseur électrique d’huiles essentielles, des huiles aseptisantes par exemples…

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  7. Emmy Aime

    UUUUUUrrrrrrrkkkkkk ! Mais quel gros dégueulasse !
    Dis poupette, y’à quelque chose qui te retiens d’aller t’installer dans un appart propre et bien tenu avec ton chien ? Parce que là … Beuuuurk !

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  8. Chris Boubou

    Désolée, je n’avais pas dit bonjour, c’est vrai (shame on me et pourtant j’ai pas été élevée comme ça !)
    Du coup je dis bonne nuit !
    Bisoucaribou ! 🙂

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  9. Clara

    Wow quelle horreur, je te plains vraiment là… =/
    Il va rester longtemps là? Il est ton coloc depuis combien de temps encore?
    Je ne pourrai jamais faire de la colocation avec quelqu’un que je ne connais pas, même avec quelqu’un que je connais j’aurais du mal, je ne pourrai pas avec n’importe qui, mais je ne pourrai pas vivre seule non plus…

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