« J’ai, scotché à la paume de ma main, un objet que j’ai depuis mes douze ans, c’est comme qui dirait un appendice qui vibre, grésille, et fait du bruit, mieux qu’un tamagotchi et plus petit que le minitel.
Autant dire qu’un smartphone qui meurt, c’est un monde qui s’écroule. »
C’est devenu l’objet qui nous réveille, qui nous suit comme notre chien, que l’on nourrit avec de l’énergie, qu’on hait quand la batterie nous lâche, c’est d’un jour à l’autre l’amour la guerre à l’arrache.
Il y a des gens qui me considèrent comme une centrale d’accueil, une réception téléphonique à qui on fait appel, entre deux questions, pour savoir qui rentre manger ce soir, où se trouve qui, quoi et surtout pourquoi là.
Je deviens l’antenne du quartier, je réceptionne et je dispatche.
Autant dire que plus au courant que moi, il n’y a pas.
Je suis toute désignée comme faisant partie de la génération héritière d’une nouvelle forme de communication, celle qui a le lourd fardeau d’expliquer aux « vieux » comment on fait un hashtag sur twitter en évitant d’en faire profiter la terre entière.
Du coup, forte de cette expérience, la famille se fait plus entreprenante, elle veut être « ton amie », s’affirmer et s’insinuer jusque dans ton lit, là où le soir tu éteints ton gsm, tu le caresses, tu lui dis au-revoir, avec un petit trémolo dans la voix.
Oui je sais.
Un gsm c’est un ami. Mon blackberry s’appelle Robert et change de tête tous les deux ans. Deux mois.
« Il reste qu’apparemment il faille toujours choisir un camp, être ketchup ou mayonnaise, mais surtout pas cocktail. »
Je ne pourrais pas vous dire comment je faisais avant, j’avais moins de douze ans, c’est les parents qui géraient les relations de leurs enfants.
Alors je ne peux pas affirmer que c’était mieux, mais c’était sûrement moins compliqué.
Dans la rue, j’ai souvent le nez vissé à l’écran en marchant entre les piétons, en gros je gère la double navigation.
Puis parfois, j’oublie Robert à la maison, ça fait du bien, mais ça m’angoisse. Alors je cours pour le retrouver.
Une addiction se soigne, mais si j’en suis consciente, dites, c’est déjà un pas en avant.
Non ?
Caribouland
Joliement écrit 🙂
Je t’avoue que pour ma part, mon portable est le cadet de mes soucis, il reste souvent au fond du sac.
Bisous