20 août 2013

Une question d’éducation

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Quand on est petit, on nous apprend (si on a la structure moyenne pour nous encadrer) à être poli avec autrui, à ne pas accepter une sucette d’un inconnu, à rester dans les rangs pour qu’il nous arrive le moins de mouise possible, et en général, sans trop de fracas, tout se passe comme barque tranquille voguant sur la rivière.

 

Le problème en grandissant, c’est que tu entrechoques ton cadre avec celui des autres, et, la magie aidant, ça fait souvent un tas de bois qu’on n’a plus qu’à allumer pour faire un joyeux incendie et foutre la merde comme on peut (souvenir de batailles d’eau dans les WC de l’école primaire, aaaah).

Les délinquants vous diront qu’ils n’ont pas le choix, ils manquaient de cadre, du coup ils s’en s’ont fait un de la taille du monde entier, et parfois même qui englobe l’univers. « Je peux tout faire parce qu’on ne m’a jamais dit de ne rien faire ».

A mon échelle, ça ne me concerne pas.

 

Quand je me balade avec mon cadre tout fini, mes préjugés de mioche trop sûre d’elle par moments, et ma bouche de pipelette, je ressemble à un Picasso mal emballé mais je m’en sors.
J’ai l’air d’une carlingue qu’on traîne à un mariage, avec son lot de fanfreluches accroché sur les portières, des casseroles qui font un tintamarre d’enfer quand elle roule, mais j’assume.

 

Je n’ai jamais eu beaucoup de classe, mais si il y a bien une chose qu’on m’a apprise et avec laquelle je n’ai jamais eu de problème c’est le partage de la nourriture.

Dans la cour de récré, j’ai toujours été celle qui avait le sac rempli de friandises, de chocolats, j’aurai pu faire une fiesta kinder avec ce que j’amenais chaque jour avec moi dans mon cartable.

 

Ceci dit, depuis que je suis devenue adulte, il y a des moments où le partage a du mal à passer.

Forcément, je vais te lâcher l’exemple cinglant, qui fait mal aux oreilles, et qui me ronge le ventre depuis trois jours.

C’est un peu comme l’épopée dans une jungle, à la troisième branche sur laquelle tu trébuches, tu sors la hache pour la réduire en allumettes, la bouche fendue par un rictus malsain (la vengeance ça rend fou).

Ras le bol international.

 

Ici aussi.

Trois jour que Puduku boulotte mes pâtes en douce sans rien demander.

La première fois je me suis dit que j’avais peut-être mangé plus que ce que je ne croyais.

La deuxième fois ça a commencé à me courir sur le haricot, je suis même allée jusqu’à regarder dans la poubelle pour voir si mes spaghetti y dansaient la capouera (sûr que non).

Et ce soir, troisième fois, j’avais les mains qui faisaient les joyeuses, à chercher à qui foutre des baffes.
J’ai vite trouvé le coupable.

« Je pensais que c’était pour la poubelle » qu’il m’a dit.

 

Trois règles à savoir sur moi (que j’aurais du placarder sur le frigo, ou écrire sur le sol en forme de marelle) :

  • on ne pense jamais à ma place (à moins de vouloir se faire hacher menu, c’est rare qu’on y arrive, j’ai souvent une longueur d’avance sur les nigauds)
  • on ne suppose jamais à ma place (la supposition, c’est le chemin direct pour te retrouver avec un suppo de la taille d’un baobab dans le derrière juste parce que j’ai eu la répartie très sévère)
  • on ne mange pas si je ne propose pas (je partage, certes, mais autour d’une table, et avec des gens que j’aime, pas des limaces)

 

Donc, le gars, il raclait le fond de mes casseroles, mangeant les pâtes que j’avais faites avec amour POUR MOI.

Certes, j’aurais pu emballer et fourrer le tout dans le frigidaire une fois fini, mais est-ce qu’il fait de même avec ses affaires alors que je suis extrêmement tentée chaque matin de lécher ses tasses remplies de moisi qui dansent encore ET TOUJOURS la farandole au-dessus du lave-vaisselle et non dedans ?

Trop de tentations.

 

Pour en revenir au cadre, j’aime bien qu’on respecte le mien, qu’on me demande la permission, parce que là j’ai encore une fois l’impression d’être la dernière des tartes dans la boulangerie du coin.

Cela va plus loin qu’une histoire de pâtes évidemment, il doit lui manquer une grosse planche pour terminer son cadre, à puduku, s’il a estimé que j’allais jeter le tout et que donc, d’une façon ou d’une autre, il pouvait se servir.

 

Alors oui, il pourra bouloter mes futurs plats avec grand plaisir, mais seulement quand j’aurais mis mes restes dans une poubelle, et que j’aurai mêlé le tout à ses fonds de cendriers froids qui atterrissent au même endroit.

Bon appétit, et la prochaine fois que tu te sers, tu demandes avant, ça m’évitera d’être une vieille femme aigrie qui fait plein de bruit, en plus de manquer de classe.

 

Si tu veux encore rire, enjoy les liens.
Par ici pour l’épisode 1 de PUDUKUet ici pour l’épisode 2 de la limace

Caribouland
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6 réponses à “Une question d’éducation

  1. CloMiko

    Comme d’hab, je suis mort de rire en lisant les « Puduku stories »

    Tu es très patiente. Je ne sais pas si j’aurai tenu longtemps face à un spécimen pareil : c’est une plaie.

    Bon courage 😉

    Répondre
  2. Peasandbutterflies

    Oulala, typiquement le genre d’article qui me parle!
    J’ai horreur qu’on se serve dans mes fonds que je me garde dans un coin du frigo pour en faire un petit tupperware repas et encore pire, quand on le fout à la poubelle sans réclamer son du.

    Dur dur de vivre avec un Puduku surtout quand on a été éduqué selon des règles différentes!

    Répondre

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