Le langage des marques – Tome 1 Tout ce qui change de nom n’est pas une révolution – Tome 2 Organix tu nous nix #lacontrerevue |
Avoue quand même que devant le culot de certaines marques, tu te demandes parfois comment est-ce possible ? Comment les gens vont-ils gober telle campagne, acheter tel produit sans arrière-pensée, se demander s’ils font le bon choix ?
Dans la vie de tous les jours, il n’est clairement pas envisageable de tout analyser, ou de faire comme moi, le téléphone à la main, une analyse poussée de chaque produit (oui je regarde les avis clients quand je suis devant un dilemme, même quand le vendeur me talonne de près). J’ai le temps, donc je le prends, mais je dois aussi me mettre à ta place, avec ton job full time, tes gosses peut-être, le boss qui hurle, la facture qui t’attend sur le bureau, la frustration du dernier muffin acheté par la brune devant toi.
Tu deviens vive et à l’affût en te baladant dans les allées et, dans le rush, tu chopes un soin sur l’étagère du supermarché en ne lisant que l’intitulé (on le fait toutes), en te dépêchant d’aller vers la caisse avant de changer d’avis – pour pas qu’on te pique une chose de plus sur la journée – merde, t’as déjà beaucoup donné de ta personne.
Tu es un peu comme ces rapaces en plein vol, qui n’ont pas besoin d’un produit en particulier, juste « d’un bête shampoing », d’une « bête crème pour les mains », « un bidule qui marche vite fait », on va à l’essentiel en ne visant que le visuel, le nom qui nous parle et le prix.
Bienvenue dans le monde où vous succombez parce que vous étiez pressée – ah oui, t’inquiètes, je les collectionne aussi les achats cons.
Fresh Care Botanicals by L’Oréal
Botanicals, fresh, la petite fleur derrière l’étiquette, le produit « infusé à l’huile de cameline » qui te donne l’impression d’avoir touché le jackpot naturel, sans parabènes, sans silicones ni colorants (depuis quand le sans colorant est-il un argument de vente vital ?). Les nouveautés paradaient devant l’encart publicitaire, quand d’autres goumiches qui voulaient asseoir leur pouvoir d’achat se bousculaient derrière moi dans la boutique.
Hum.
Une nouvelle gamme était sortie du sol dans la droguerie, un peu comme la mousse investit l’interstice des dalles de la terrasse, on ne voyait que ça devant nos mirettes. L’ensemble m’évoquait de loin la marque Korres, avec des ingrédients d’origine naturelle, un packaging qui se la joue botaniste mais pas trop (d’autant plus frappant sur les autres soins de la gamme) et des couleurs chaudes et plaisantes – le brun de la terre, tu humes presque l’humus à plein pif.
On voyait des mots comme source-infusion-vinaigre, en rajoutant encore sur le côté clean et respectueux. Mais « madame, on a juste écrit ce qu’il n’y avait pas dedans, on ne se revendique pas organic haircare ».
Moui. J’ai mordu ma lèvre pour essayer de me décider un peu plus vite. Parce que, oui, je suis ressortie avec.
Quand j’ai un doute sur une gamme, je prends l’après-shampoing : plus facile de voir si c’est efficace qu’avec un nettoyant capillaire, l’effet est immédiat et sans concessions.
De ce point de vue-là, le conditioning balm à la cameline est vraiment bien – même si, à l’usage, je l’ai quand même un peu espacé, il est suffisant utilisé une fois par semaine.
Là où le bât blesse, c’est au niveau de la formulation : de loin, elle paraît tout à fait acceptable, mais de près, on peut vite déchanter – c’est encore le « trop beau pour être vrai, mais merci l’Oréal d’avoir fait un mini effort ».
Dedans il y a : de l’eau, un alcool gras (agent de texture dosé de 1 à 20% en général), de l’huile de soja pour le toucher doux, et du behentrimonium chloride (dosé à maximum 0,1%, irritant pour les muqueuses).
Je m’arrête volontairement au quatrième ingrédient parce que ce qui suit n’est que là pour servir un discours pseudo-vert de la part de la marque. La première place jusqu’à la troisième, ce sont les plus fournis, en pourcentage.
Après, ce ne sont que des petites gouttes huileuses glissées par-ci par-là – avec la coco, la nigelle, la cameline (ah, t’étais là ?); et le reste.
AQUA / WATER • CETEARYL ALCOHOL• GLYCINE SOJA OIL / SOYBEAN OIL • BEHENTRIMONIUMCHLORIDE • COCOS NUCIFERA OIL / COCONUT OIL •SODIUM HYDROXIDE • NIGELLA SATIVA SEED OIL •CAMELINA SATIVA SEED OIL • BENZOIC ACID •PENTAERYTHRITYL TETRA-DI-T-BUTYL HYDROXYHYDROCINNAMATE• LINALOOL • ISOPROPYL ALCOHOL• CAPRYLYL GLYCOL • HEXYL CINNAMAL • GLYCERIN• PARFUM / FRAGRANCE. (F.I.L. C192133/1)
Même genre de ritournelle avec le shampoing coriandre (pas testé) : de l’eau, SLS (sulfate de base), un tensioactif (naturel chez l’Oréal ? – dosé de 2 à 8%, atténue dans une certaine mesure l’effet des sulfates), un tensioactif chimique, et enfin le cocamide mea (issu de très loin de la coco, réputation pas terrible). Le reste est un bain de quat et polymère ( pour le toucher doux siliconesque) avec un bas de liste un chouilla d’huile de coriandre.
AQUA / WATER • SODIUMLAURETH SULFATE • COCO-BETAINE • LAURETH-5CARBOXYLIC ACID • COCAMIDE MEA • ISOPROPYLMYRISTATE • COCOS NUCIFERA OIL / COCONUT OIL •SODIUM CHLORIDE • SODIUM BENZOATE • SODIUMACETATE • SODIUM HYDROXIDE • PEG-60HYDROGENATED CASTOR OIL • POLYQUATERNIUM-10 •SALICYLIC ACID • LIMONENE • LINALOOL • BENZYLSALICYLATE • BENZYL ALCOHOL • ISOPROPYL ALCOHOL •GERANIOL • CORIANDRUM SATIVUM SEED OIL /CORIANDER SEED OIL • CETEARETH-60 MYRISTYL GLYCOL• CITRIC ACID • HEXYLENE GLYCOL • GLYCINE SOJA OIL /SOYBEAN OIL • PARFUM / FRAGRANCE
Je sais que je me fourvoie en pensant qu’on peut vraiment imaginer que d’une manière ou d’une autre, les grandes maisons cosmétiques du monde parviendront enfin à comprendre l’intérêt de créer une forte division naturelle voire bio dans leurs bureaux.
Le mieux serait en gardant le conventionnel, parce qu’il fonctionne et que la recherche coûte moins cher vu les années d’expertise, tout en doublant le tout d’une vraie couche de gazon, de gens embauchés pour nous parler de brise et d’eau fraîche qu’ils mettent effectivement dans leurs pots. Et pas des gens rigolos qui s’amusent dans un labo de chimie pour imaginer des formules « qui passent » mais en étant réellement borderline.
Botanicals Fresh Care est donc une économie de nature tout en vous donnant l’impression de respecter votre porte-monnaie et l’environnement.
M’est avis que la fougère sera contente de savoir que le packaging vous enjoint à « penser à couper l’eau pendant votre douche », un peu moins enjouée quand elle apprendra que la plupart des ingrédients disponibles dans ces nouveaux flacons ne sont pas ou difficilement biosphère-friendly (rien que les PEG et les sulfates sont déjà en cause).
Est-ce que tu dois pour autant tout jeter ou tout du moins les éviter ?
Même si je suggère ici de regarder une composition dans son ensemble et de ne pas cibler un ingrédient en particulier au moment de l’achat, il s’avère que dans certains cas, si la base n’est pas convenable ou peu valable (prix très élevé alors qu’on lit eau-silicone-émulsifiant-huile de coco esthérifiée par exemple) autant passer son chemin.
Une batterie de soin comme chez Botanicals Fresh Care vous vante chaque fois les bienfaits d’un ingrédient en particulier qui, en réalité, n’est qu’un poil de moustache parmi tant d’autres, parce que l’ENSEMBLE est pauvre en substances intéressantes.
S’il y avait eu, pour la version cameline, d’autres huiles de soin assouplissantes reconnues – brocolis, kukui, macadamia – et qu’elles avaient été plus fortement dosées, peut-être qu’on aurait enfin eu un véritable pas en avant de la part de L’Oréal. Mais bon.
Quant à les éviter ou les jeter, personnellement je n’en fais pas tout un cas, le tube est gentiment posé dans ma douche et je ne compte pas le décapiter pour venger les fous tous nus de la forêt.
Il fallait juste que je remette l’église au milieu du village, parce qu’elle avait franchement dévié vers Lolilol Ville et que même si les marques arrivent très souvent à vous donner envie, il est important que vous SACHIEZ ce que vous mettez sur votre corps.
J’aurais très bien pu prendre une autre gamme pour illustrer le sujet, mais le côté un peu marketing niais de chez Botanical Fresh Care étant moins clair que celui d’autres marques comme Yves Rocher (qui plaque partout sa petite feuille verte sans arrière-pensée), il m’a un peu plus interpellée.
Ceci étant dit, théoriquement, on est plus ou moins dans le même bateau, celui où on essaye sans vraiment se lancer plus avant. C’est dommage, parce que la goumiche, elle n’aime pas trop le flou.
Du coup elle ira voir ailleurs la prochaine fois.
Des bisous les Caribous !
Caribouland
Merci pour ce remède. J’ai tellement utilisé de produits et rien ne m’a donné un résultat durable, je pense à une greffe de cheveux sérieusement.
ce remède ?
On nous prend vraiment pour des jambons. « La vérité sur les cosmétiques » a encore bien des services à nous rendre!
sans déconner 😀
Je les ai testé et je suis complètement d’accord. Ca sent bon, le packaging est joli, ça m’a vraiment lissé les cheveux, mais sans recul, j’aurais presque l’impression que je n’ai plus à passer au no-poo et il y a quand même encore trop de trucs pas top. Ah le marketing ! Merci pour cet article franc !
de rien dounette 🙂
quel traitement me conseillez-vous pour un soin des pied.
Merci pour le conseil