Catégorie : Humeurs

13 janvier 2014

Le miroir des filles

mirror.jpg

A l’époque où les films qui parlaient d’un autre monde me passionnaient, il y avait un élément clef qui reliait les récits : le miroir magique.

Cet espace blanc par lequel on se faufilait, comme en passant à travers un rideau d’eau, et qui était une fenêtre ouverte sur l’inconnu et l’imaginaire.

Une des histoires consistait à placer le miroir à un endroit particulier du grenier où les personnages voyaient alors leur reflet se liquéfier, leur donnant accès à des paysages merveilleux.

Très fascinée.
Trop fascinée.

 

J’ai moi-même essayé de le faire, sans jamais trouver un brèche temporelle par laquelle m’échapper, pour toucher un peu au monde de Narnia, ou encore au demi quai de stationnement d’Harry Potter.

Mon miroir ne m’a jamais renvoyé qu’une seule image, celle de mon visage, de mon corps, ce que je ne pourrais pas voir si ces surfaces ne réfléchissaient pas la réalité avec autant de détails.

Et même parfois certaines choses m’échappent.

Il paraît qu’on passe beaucoup tropde temps à se regarder, à vouloir se voir, à remettre une mèche qui tombe trop sur la droite, mais finalement, trop de déséquilibre à gauche.

On réajuste un pantalon sur la taille, on évalue son potentiel, les épaules retombent dans un soupir, parce que la nuit n’a pas été bonne, parce qu’on a un teint râpé, inégal, fripé comme celui d’une pêche trop mûre.

 

Le miroir des filles montre un rouge à lèvres qui déborde, une taille qui n’est pas tonique, un trou dans le bas du collant.
Une réalité toute crue qui nous parle trop vivement.

 

Cette image qui crée les fondamentaux de notre esprit nous sappe le moral à vitesse TGV, nous fauche un sourire auquel on réplique par une moue aguicheuse, un vrai combat de titans duquel personne ne sort vainqueur.

Qui sera la plus belle, la pimbêche qui vit de l’autre côté ou moi ?

Il y a donc bel et bien un peu de magie dans cette surface, qui change d’humeur à chaque battement de cil et nous parle comme à une méchante belle-mère.

Passer jusqu’à deux heures à se mirer, à chercher l’erreur sociale/le défaut/ce qui pique aux yeux relève sûrement de la sorcellerie, mais la majorité des femmes se prête au jeu.

 

Quelque part entre ce que l’on voit et ce que l’on prend, le miroir des filles devrait rendre notre regard plus indulgent, parce que rayonner ne s’inspire que du sentiment de joie.

Et pas de défauts qu’on cible et que personne ne voit.

Caribouland
FacebooktwitterpinterestinstagramFacebooktwitterpinterestinstagram
21 novembre 2013

Être blogueuse, pas tapineuse.

g-copie-1.jpg

Je suis une blogueuse qui sait ce qu’elle dit, assume ce qu’elle fait (les photos de moi en gros plan, c’est pas pour la frime, c’est pour aider les gens), j’ai une très forte culture du partage derrière moi qui m’incite à papoter, décider de ce qui pourra être une expérience enrichissante pour autrui en me lisant.

Le revers de la médaille, c’est qu’en « choisissant » (on ne choisit pas vraiment son créneau, on a des passion au départ, c’est surtout ça) d’être une testeuse pour mieux approfondir mon sujet, j’ai enclenché le phénomène déferlante de RP dans les mails.

 

J’étais contente dès le départ et ai commencé à établir des liens avec certaines marques, carrément flattée qu’on vienne chercher mon corps pour étaler de nouveaux produits cosmétiques dessus, et ce, sans être payée.

En gros, je me prostitue du corporel pour recevoir des produits en échange, en éprouvant la plupart du temps du plaisir à devenir un champ d’expérimentation.

Gros paradoxe de la pute qui aime ça.

 

J’ai toujours été très claire avec les marques :

  •  je n’écris un article que si je reçois un produit (je ne suis pas une bannière publicitaire, même si je parle de X ou de Y, j’évite aux consommatrices d’acheter un soin pour rien)
  • je choisis un minimum le produit : j’ai un corps qui a des exigences particulières, un certain type de cheveu, je me connais mieux que les personnes qui veulent engager un partenariat avec moi
  • je me laisse un mois pour le faire le test, la plupart du temps
  • je choisis si je mets une bannière dans la colonne de liens (les marques n’ont rien demandé, je fais mon choix dans celles que j’aime le plus)

 

Donc je ne reçois pas d’argent, ce n’est pas mon boulot de tenir ce site, je le fais de manière bénévole parce que j’aime ça et que j’adore découvrir des nouveautés qui rendent les femmes plus belles et les hommes plus amoureux d’elles.

 

Mais quand un RP (NDLR : relation presse)

  • t’impose ses conditions (un article écrit pour faire la pub, tu reçois alors un bon pour acheter un produit sur le site et refaire un article)(?????)
  • te demande si tu veux tester un produit alors que tu n’as même pas reçu un colis précédent comme promis
  •  envoie un produit totalement inadapté (ça m’emmerde profondément, je passe pour la méchante en expliquant que je ne pourrai pas faire de revue dessus)
  • ne te réponds plus parce que tu lui a remis les pendules à l’heure tout en restant polie (pas mon job, pas d’argent, je fais ce que je veux, j’avais prévenu)
  • fait semblant de ne pas avoir lu ton dernier mail et t’en renvoie un pour savoir où tu en es dans ta décision (décision déjà prise dans le mail précédent, mais trop négative pour lui, il est dans le déni)

 

J’ai envie de m’énerver.

Sans parler des mails qui commencent par Monsieur, ceux qui me demandent de parler de la cigarette « parce que selon notre avis éclairé, la fumée concerne aussi la santé de la peau » (oui, une gifle aussi ça réveille les vaisseaux sanguins, depuis quand tu choisis la ligne éditoriale du blog à MA place ?).

Je reste impeccable, je montre un léger agacement si nécessaire quand je vois qu’on dépasse MES bornes, je ne hausse jamais le ton, mais parfois, certaines personnes feraient mieux d’aller relire la définition du mot blogueur.

 

Nulle part je n’ai signé de contrat pour dire que j’étais d’accord qu’on me traite comme quelqu’un qui n’est qu’un pion sur un échiquier.

Parce que mon blog est mon espace de jeu, j’y fais ce que je veux, je parle de peintures immondes et je les expose si l’envie m’en prend, j’impose à mes lecteurs des photos de tongs ou d’un foulard en soie si ça me plaît.

 

J’ai encore du plaisir à collaborer avec certaines marques
parce que leurs RP

  • s’adressent personnellement à moi (il y en a même qui m’appellent Mona, et pas Rose, preuve de fouinage plus poussé)
  • comprennent ma démarche, mon blog, me soutiennent aussi des fois
  • sont des gens éduqués, qui savent qu’un blogueur n’est pas quelqu’un qu’on contacte puis qu’on abandonne au moindre faux pas dans un envoi (ça arrive ! On va essayer de mieux se connaître)
  • laissent un mot dans le colis, écrit au bic
  • sont réactifs pour les concours
  • envoient même des cadeaux parfois, juste comme ça

 

Peut-être que dans toute cette histoire, certaines personnes ont trop reluqué leurs bouquins en cours au lieu d’apprendre les relations humaines, le contact avec les gens, l’amabilité ou juste le bon sens.
(Dans le tas, il doit forcément y avoir des cousins de Puduku )

 

Un blogueur aura toujours le choix d’imposer sa voix tant qu’il aura mis des limites claires et précises au partenariat et qu’il ne se sentira pas lésé.

Et parfois, faute de communication, de relances qui tombent dans l’oubli ou autre, un partenariat devient une plaie.

 

Il faut savoir dire non quand on est pas emballé ou qu’on ne croit pas en ce que l’on va recevoir sinon l’affaire tournera vite au vinaigre.

C’est aussi pour ça que la plupart du temps je ne parle pas de flops sur ce blog : j’ai la chance d’avoir de très bons contacts qui connaissent mes goûts/problèmes de peau, ou qui n’hésitent pas à me laisser choisir dans leurs gammes.

 

J’adore tester de nouveaux produits, qu’on me parle de nouvelles avancées cosmétiques, et tant que le négatif restera moindre par rapport au positif, je continuerai.

Mais qu’on ne vienne plus me prendre pour une idiote de blogueuse, depuis le temps, je suis devenue une marionnette qui comprend sur quels fils on tire pour tenter de la faire bouger.

Je sais marcher toute seule, c’est comme ça que j’ai commencé.

 

Des bisous les Caribous !

Caribouland
FacebooktwitterpinterestinstagramFacebooktwitterpinterestinstagram
20 octobre 2013

Where do you find happiness ?

fall.jpg

Je pense connaître des gens (je ne pointe personne)(je ne juge personne) qui ont une tendance malsaine à planifier leur bonheur.

Ils allouent des places dans leur horaire pour la débauche, et ne s’autorisent aucun écart avant l’heure ni après.

Et à chaque fois ça me fait le même effet, j’ai l’impression de voir quelqu’un s’étrangler avec le plaisir que procure un bonbon, un mélange d’extase et de malaise qui donnent envie de regarder ailleurs.

Je suppose que ces personnes ont été des enfants à qui l’on disait

« Là, maintenant, tu peux sauter ».
« Là, maintenant, tu arrêtes ».

Et la spontanéité ne trouve plus son chemin.

teat.jpg

J’ai une addiction maladive pour l’automne (je peste contre le froid qui arrive, mais j’aime la couleur orange quand elle tombe avec le vent).

Je vous épargnerai donc la description des arbres, des bottes multicolores, des marrons, des pulls à mailles épaisses, des corbeaux, du petit château sous la brume.

J’aime tout simplement cette saison parce que quand je mets le pied dehors dans ma campagne, j’ai l’impression d’être comme seule au monde.

 

Avec des chevaux qui me regardent de haut en bas et mon chien qui se retient de hurler quand leurs sabots font tropde bruit ou qu’ils mâchent un peu fort leur herbe.

 

Le soir, la pleine lune éclaire les champs et personne d’autre que moi ne se promène.

Le dimanche, il y a le remue ménage général, les petites compétitions, les chevaux qu’on sort sur la route pour qu’ils paradent un peu et remuent leur crinière.

Tout fonctionne au ralenti puisque les voitures ne roulent pas plus vite que le pas de ces bêtes.

 

Depuis quelques semaines, je me suis remise à boire du thé, beaucoup de thé, et à tremper mes biscuits dans des boissons chaudes juste pour voir les miettes lentement tomber dans le fond de la tasse transparente.

Aussi, les écharpes ont retrouvé leur place, et se nouent à mon cou comme des serpents touffus qui refusent de s’en détacher.

Je crois que j’ai enfin accepté le changement de saison, docilement, parce qu’il n’y a pas de raison que j’empêche le temps d’avancer, il coule seul et suit sa rivière.

Et puis si tout le monde le dit, je veux bien le croire : le bonheur, c’est aussi de laisser les choses se faire, non ?

Caribouland
FacebooktwitterpinterestinstagramFacebooktwitterpinterestinstagram
3 septembre 2013

Du sentiment d’être chez soi

orchids.jpg

Je trouve que, parfois, le sentiment de se sentir chez soi tient à peu de choses.

En tout cas, en ce qui me concerne, le simple fait de pouvoir poser mes orchidées sur le bord d’une fenêtre me donne la sensation d’avoir enfin une place où vivre, un espace à moi.

Parce que c’est compliqué d’être dans une phase transitoire.

On peut parfois avoir l’impression de dépendre des autres, de ne pas avoir son cocon, son territoire, que tout le monde va commencer à péter une durite à force de se sentir comme la tranche d’un millefeuille trop serré.
Depuis deux jours donc, j’ai enfin une chambre aussi grande qu’un mini-loft, et je m’y sens bien.

 

J’ai vraiment donné de ma personne, peint les milliers de pentes et sous-pentes (ça n’en finissait pas !) de mon home sweet home, j’ai cogné ma tête un bon nombre de fois aux poutres, j’ai encore les bras comme des galaxies parce que je n’arrive pas à retirer les taches blanches de laque, mais je suis fière d’avoir réussi à rendre le tout accueillant dans les temps.

Quel plaisir de ne plus souffrir de voir le visage de Puduku, quel plaisir de faire une balade le soir et de voir les chevaux dans leurs enclos, quel plaisir de voir les maisons illuminées et d’entendre mes seuls pas dans la nuit, quel plaisir de sentir le vieil air de la campagne piquer mes narines et d’avoir enfin un peu de liberté de mouvement.

 

Il reste encore des finitions à faire, des petits trous à reboucher, ma cuisine à installer, les meubles à monter aux bons étages, les livres à ranger dans les bibliothèques, les vêtements à plier dans les armoires, les chaussures à placer en rangs d’oignons dans le hall, mais qu’importe le temps que ça prendra, puisque maintenant, je suis enfin à la maison.

Caribouland
FacebooktwitterpinterestinstagramFacebooktwitterpinterestinstagram
20 août 2013

Une question d’éducation

joeyfood.jpg

Quand on est petit, on nous apprend (si on a la structure moyenne pour nous encadrer) à être poli avec autrui, à ne pas accepter une sucette d’un inconnu, à rester dans les rangs pour qu’il nous arrive le moins de mouise possible, et en général, sans trop de fracas, tout se passe comme barque tranquille voguant sur la rivière.

 

Le problème en grandissant, c’est que tu entrechoques ton cadre avec celui des autres, et, la magie aidant, ça fait souvent un tas de bois qu’on n’a plus qu’à allumer pour faire un joyeux incendie et foutre la merde comme on peut (souvenir de batailles d’eau dans les WC de l’école primaire, aaaah).

Les délinquants vous diront qu’ils n’ont pas le choix, ils manquaient de cadre, du coup ils s’en s’ont fait un de la taille du monde entier, et parfois même qui englobe l’univers. « Je peux tout faire parce qu’on ne m’a jamais dit de ne rien faire ».

A mon échelle, ça ne me concerne pas.

 

Quand je me balade avec mon cadre tout fini, mes préjugés de mioche trop sûre d’elle par moments, et ma bouche de pipelette, je ressemble à un Picasso mal emballé mais je m’en sors.
J’ai l’air d’une carlingue qu’on traîne à un mariage, avec son lot de fanfreluches accroché sur les portières, des casseroles qui font un tintamarre d’enfer quand elle roule, mais j’assume.

 

Je n’ai jamais eu beaucoup de classe, mais si il y a bien une chose qu’on m’a apprise et avec laquelle je n’ai jamais eu de problème c’est le partage de la nourriture.

Dans la cour de récré, j’ai toujours été celle qui avait le sac rempli de friandises, de chocolats, j’aurai pu faire une fiesta kinder avec ce que j’amenais chaque jour avec moi dans mon cartable.

 

Ceci dit, depuis que je suis devenue adulte, il y a des moments où le partage a du mal à passer.

Forcément, je vais te lâcher l’exemple cinglant, qui fait mal aux oreilles, et qui me ronge le ventre depuis trois jours.

C’est un peu comme l’épopée dans une jungle, à la troisième branche sur laquelle tu trébuches, tu sors la hache pour la réduire en allumettes, la bouche fendue par un rictus malsain (la vengeance ça rend fou).

Ras le bol international.

 

Ici aussi.

Trois jour que Puduku boulotte mes pâtes en douce sans rien demander.

La première fois je me suis dit que j’avais peut-être mangé plus que ce que je ne croyais.

La deuxième fois ça a commencé à me courir sur le haricot, je suis même allée jusqu’à regarder dans la poubelle pour voir si mes spaghetti y dansaient la capouera (sûr que non).

Et ce soir, troisième fois, j’avais les mains qui faisaient les joyeuses, à chercher à qui foutre des baffes.
J’ai vite trouvé le coupable.

« Je pensais que c’était pour la poubelle » qu’il m’a dit.

 

Trois règles à savoir sur moi (que j’aurais du placarder sur le frigo, ou écrire sur le sol en forme de marelle) :

  • on ne pense jamais à ma place (à moins de vouloir se faire hacher menu, c’est rare qu’on y arrive, j’ai souvent une longueur d’avance sur les nigauds)
  • on ne suppose jamais à ma place (la supposition, c’est le chemin direct pour te retrouver avec un suppo de la taille d’un baobab dans le derrière juste parce que j’ai eu la répartie très sévère)
  • on ne mange pas si je ne propose pas (je partage, certes, mais autour d’une table, et avec des gens que j’aime, pas des limaces)

 

Donc, le gars, il raclait le fond de mes casseroles, mangeant les pâtes que j’avais faites avec amour POUR MOI.

Certes, j’aurais pu emballer et fourrer le tout dans le frigidaire une fois fini, mais est-ce qu’il fait de même avec ses affaires alors que je suis extrêmement tentée chaque matin de lécher ses tasses remplies de moisi qui dansent encore ET TOUJOURS la farandole au-dessus du lave-vaisselle et non dedans ?

Trop de tentations.

 

Pour en revenir au cadre, j’aime bien qu’on respecte le mien, qu’on me demande la permission, parce que là j’ai encore une fois l’impression d’être la dernière des tartes dans la boulangerie du coin.

Cela va plus loin qu’une histoire de pâtes évidemment, il doit lui manquer une grosse planche pour terminer son cadre, à puduku, s’il a estimé que j’allais jeter le tout et que donc, d’une façon ou d’une autre, il pouvait se servir.

 

Alors oui, il pourra bouloter mes futurs plats avec grand plaisir, mais seulement quand j’aurais mis mes restes dans une poubelle, et que j’aurai mêlé le tout à ses fonds de cendriers froids qui atterrissent au même endroit.

Bon appétit, et la prochaine fois que tu te sers, tu demandes avant, ça m’évitera d’être une vieille femme aigrie qui fait plein de bruit, en plus de manquer de classe.

 

Si tu veux encore rire, enjoy les liens.
Par ici pour l’épisode 1 de PUDUKUet ici pour l’épisode 2 de la limace

Caribouland
FacebooktwitterpinterestinstagramFacebooktwitterpinterestinstagram