Catégorie : Humeurs

11 mai 2012

Faire ses courses, mode d’emploi #1

Quand je vais faire les courses, j’ai parfois un peu l’impression de payer mon ticket pour le zoo.

Il y a des magasins comme ça qui inspirent une atmosphère de grande pagaille, mêlée à de l’hystérie et de la non-politesse ; avant même d’entrer dedans, je sais que toutes mes bonnes résolutions vont passer à la trappe.

En deux secondes chrono.

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J’essaye pourtant d’être conciliante, je prends ma charrette comme une bonne cliente, je ne bouscule personne, j’ai le dos bien droit et une liste plaquée dans les mains.

Souvent, j’ai pris une douche avant, j’ai un jogging et un sweat à l’américaine, en gros autant de style que si j’allais au fastfood un samedi soir.

Sauf que je ne vais pas au fastfood le samedi soir. Et qu’en général je ne suis pas d’humeur.

Si comme pour moi, les courses sont pour vous un calvaire mêlé d’incompréhension, je vous ai préparé un mode d’emploi détaillé, histoire que tout se passe bien pour vous une fois débarqué chez les gnous.

 

Step One : franchir les portes coulissantes

Il y a comme un mauvais karma entre moi et les portes coulissantes, comme avec tout ce qui ressemble à un tourniquet ; ces installations publiques me poursuivent depuis des années sans que je ne sois jamais parvenue à les maîtriser.

Ça me fait le même effet que quand je dois poser mon pied au bon moment sur la marche de l’escalator, j’hésite, je tente, je me retrouve paralysée ou mieux, je dérape et tombe sur mon séant.

Parfois, par chance, j’arrive à me glisser dans le magasin sans accrocs. Tu parles de la tronche de fière que je tire après ça.

 

Step two : garder son caddie vide à l’œil

Ça peut paraître très bête, mais en général le caddie que j’ai sous la main, il vaut déjà l’euro que j’ai mis dedans pour pouvoir le conduire, et ça, c’est un investissement temporaire qui peut me rendre très possessive.

Je les connais moi, les clients qui te chouravent la charrette alors que t’as même pas encore commencé tes courses, que t’étais juste allée peser des cacahuètes sur la balance du supermarché, (tu sais celle qui fonctionne à peine, dont tu te servais quand t’était petit pour peser ta main et avoir un ticket) .

Du coup, réaction infantile, je fais mon rictus des mauvais jours, je me voûte comme quasimodo, en gros je crée un périmètre de sécurité de 3 mètres autour de moi, et celui qui ose approcher, je lui change son faciès à coup de laitue. Je suis pas violente, juste un peu tendue.

 

Step three : faire face aux promotions

On la connaît bien celle là : au départ tu rentrais dans le magasin pour acheter une bouteille de Valvert et un chocolat, puis tu croises un paquet de culottes immondes mais comme il y en a une gratuite, et que le panneau publicitaire derrière est sacrément grand et coloré, tu te rues sur les quatre derniers exemplaires.

Et là, il n’y a qu’une consolation face à cette réaction impulsive, c’est qu’au moins tu te serviras de cet achat pour couvrir tes fesses après avoir mangé le chocolat.

 

Step four : choisir son horaire 

On le sait, le matin très tôt, à l’aube, il y a déjà une armée de petits vieux plantés devant l’enseigne, chacun aussi frêle qu’un bout de soie, ça n’avance pas très vite dans les rangs, c’est le pire client qui soit.

Ils squattent toutes les caisses, à raison de un par poste, marmonnent beaucoup, font « rhoooo » quand tu oses les doubler dans un virage. Non vraiment, c’est désagréable de ne pas pouvoir manier sa charrette comme Schumie alors qu’on gère du caddie en temps normal.

Vaut mieux éviter aussi le créneau « mec-super-canon » : la seule heure de la semaine où tu as décidé de ne faire aucun effort, y a un bout de papier toilette collé à ta godasse, t’as le jean qui serre un peu trop, le pull un peu flasque, et tu croises Bogoss en chair et os, tout de classe vêtu, qui squatte la même caisse que toi et te fais râler de ne pas t’être mieux habillée pour aller acheter tes tampons.
Oui on le connaît tous ce jour de grande solitude, et on s’en remet mal.

 

Pour conclure

Ça sert à rien de se la jouer gros dur, c’est toujours l’anguille qui gagne.
Être un pro du supermarché ça demande des années de pratique, mais si moi j’y arrive, il n’y a pas de raison valable pour que vous échouiez.

Caribouland
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9 mai 2012

Quand je mordrai avec mes dents

J’ai fait 5 ans d’orthodontie pour qu’on me fasse belle, des plaquettes sur les dents, un rail brillant au soleil.

J’ai subi pleins d’opérations pour arriver au résultat d’aujourd’hui.

J’ai encore deux fils dentaires pour tenir mes dents par derrière, pour que tout reste comme le jour où mon ortho m’a dit « voilà, maintenant, c’est parfait ».

Des clinches m’ont prise à chaque reprise en « urgence », deux fois cette semaine, parce que le fil se décollait sur les dents extérieures.

J’en ai marre, ça vient de se redécoller, je zieute ma canine comme si elle allait partir à pieds.

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J’ai toujours peur de me retrouver avec les dents en ciseaux, qu’au réveil j’aie un problème de symétrie.

Je me stresse pour un rien, parce que j’ai mis tellement dans ce chemin que je veux plus qu’il y ait un truc ou un machin qui bouge.

Ça peut faire rigide sur les bords, mais je peux pas me permettre, à 24 ans, d’avoir encore à me soucier de ça.

Je veux plus les voir les blouses blanches, je veux plus qu’on me mette des doigts dans la bouche, que je doive répéter à chaque fois tout le traitement que j’ai eu pour qu’ils comprennent pourquoi j’ai trois implants, une mâchoire avancée, et des plaques dans la chair.

Je suis pas du genre à vouloir ressasser ça un après-midi chaque mois.

Et là en une semaine, alors que j’ai des examens à étudier, j’ai encore un pied qui traîne sur la case « dentiste », sans pouvoir s’en détacher.

J’y crois plus, j’y crois pas.

Je devrais peut-être être moins perfectionniste, moins attachée à ce que tout soit toujours comme du papier à musique, accepter, parfois, qu’il y ait un épi qui dépasse.

J’y arrive pas en fait.

Parce qu’on m’a élevée comme ça, que je suis du genre à espérer que tout tourne rond, rond, que ça roule.

Mais tu vois, ce soir, j’ai les boules.

Vraiment, puis j’ai mal aux dents.

Caribouland
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7 mai 2012

Comme un air de chihuahua à tête de lasagne

En général, quand j’ouvre mon ordinateur, je sais très bien où je vais, ce que je vais y faire, et quand je le referme (quand je le referme) j’ai fait ce que j’avais à faire.

Sauf que des fois, il y a pas mal de choses qui me laissent perplexe.

Il ne faut pas croire que tout ce  petit monde qui peuple l’espace virtuel est aussi insignifiant et gentil qu’au pays de Candy.

Non.

Y a du grabuge dans la fibre optique, ça pique, ça s’éclate, les gens se prennent pour des super-héros du clavier.

Faut voir à quelle allure des rumeurs se répandent quand on a juste émis une opinion.

C’est à devenir dingue et à se plâtrer un bras juste pour rire.

 

J’ai un peu du mal à visualiser les internautes autrement que comme des gens qui sont habillés avec la tête de tinky winky et une jupe à clochette, quand ce qu’ils tapent pour arriver sur mon blog a quelque chose d’étrange.

Je n’évoquerai même pas le mot « absurde », parce qu’on part plutôt du côté de la 86ème dimension, par là, vers la gauche.

 

Je les vois déjà, se lever le matin, l’édredon aux couleurs de la reine d’Angleterre, une franche gueule de bois bien assumée.

Se glisser jusqu’à la cuisine pour se verser des corn flakes alphabeta avec lesquels ils tentent d’écrire un mot.

Sauf qu’il y a trop de voyelles, c’est toujours la même rengaine.

Se traîner jusqu’à la douche, et se laver avec le savon de paris hilton, et une éponge jackson five.

Se faire la coupe d’Elvis, et mettre un tutu à floches.

 

Puis s’installer à leur tout de contrôle, AKA leur super ordinateur de geek, avec ventilo intégré pour ne pas mourir de chaud quand la bête est en surchauffe.

 

Et taper sur google, d’un geste nonchalant : « chihuahua avec une tête de lasagne ».

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J’ai une réponse à fournir à ce genre de requête, si si :

« Monsieur (madame ?), le chihuahua est un chien, qui, je l’avoue volontiers, peut souvent avoir une tronche de cake, ou une face de canard.

Il peut ressembler à un roquet affublé d’yeux de merlan frits, avoir une démarche de baraki, et une haleine de chacal.

Mais en aucun cas il n’aura une tête de lasagne.

Jamais.
A moins que vous n’ayez envie de faire un nouveau genre de cuisine moléculaire, et dans ce cas, je vous souhaite bonne chance.

Car le milieu n’est pas très ouvert à ce genre d’intervention animale dans les plats traditionnels. »

Il y a du peuple pour qui ça ne tourne pas rond sous le capuchon.

Caribouland
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2 mai 2012

Le jour où j’ai voulu être noire

Fait véridique, quand j’étais petite, je pensais qu’on pouvait changer de peau.

Passer du blanc au noir, au jaune, voire au vert.

En gros, j’étais sûre que le peuple pouvait se la jouer caméléon, à la façon « je te retourne mon épiderme, tu vas rien comprendre ».

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J’avais un prof de math qui passait par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel en un cours, il mettait son doigt dans la valise posée sur le bureau, ça faisait un bip, et il devenait mauve. Encore une fois, je trouvais ça plus fascinant que tout ce qu’il nous racontait, et ça avait le don de mettre mes points en berne.

C’était la faute (comme toujours) aux bouquins fantastiques que j’avais pu lire, dans lesquels le héros mutait sans arrêt, et avait aussi une bestiole qui se la jouait pokémon Evolution, perchée sur son épaule.

 

En gros, il y avait comme une logique implacable dans ma tête qui disait : si tu veux devenir peau rouge, tu peux devenir peau rouge.

J’étais née toute jaune de toute façon, au soleil je bronzais comme un chocolat au lait, j’avais du mal à me dire que je n’avais pas les mêmes capacités métamorphiques que le caméléon qu’on voyait dans les émission nature et découverte.

 

Puis c’était la faute (comme d’habitude) à Michael Jackson et ses pas de danse, quand il tournait sur lui-même, il passait du blanc au noir sans arrêt, de quoi donner le tournis aux gosses branchés sur MTV.
C’est pour ça qu’un jour, j’ai juste demandé à maman : « c’est quand que je deviens noire, dis, dis ? ».

Ca l’a laissée perplexe je crois.

 

Du coup, ça me reste en travers de la gorge.

Comme un goût de quelque chose de non accompli auquel j’ai du me faire, avec mes cheveux bouclés qui n’ont rien d’une tignasse frisée, un teint d’italienne malade et des yeux bruns fadasse.

Adieu cul d’enfer, croupe de black, cuissailles claquantes et nez patate.

Je fais mon deuil comme je peux, tu vois, je trace ma route, je m’adapte.

Caribouland
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27 avril 2012

C’est toi la môme

Je parais plus jeune que mon âge et s’il fallait trouver des coupables, il faudrait jeter un coup d’œil du côté des gènes de ma mère. Elle a du tout me donner à la naissance pour ne rien laisser à mes sœurs, qui elles paraissent leurs années voire plus.

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Quand j’étais petite,ce n’était pas flagrant, même si le fait de ressembler à un moustique tout fragile avait tendance à me faire passer pour une petite chose sans défense.

Ça m’embêtait moyen à 6 ans, mais quand j’ai commencé à préciser que j’avais 7 ans ET DEMI, le moustique a voulu se la jouer rebelle.

C’est connu, ce qui est mini a tendance à se penser maxi, je voulais grimper sur des montagnes d’histoires bien trop grandes pour moi, et en général, ça se finissait mal.

 

Quand j’avais 16 ans, j’avais la tête d’une pré-ado.

A 20 ans, on m’en donnait 15.

A 24 ans, c’est devenu franchement barbant d’avoir l’air d’une môme de 18.

 

Paraître plus jeune que son âge, c’est perdre une certaine crédibilité face à son auditoire, alors qu’on est déjà adulte depuis un petit moment.

Il y a des phrases qu’on doit répéter haut et fort, bien appuyer sur des mots, utiliser un vocable qui fait paraître plus érudit que l’âge qu’on nous donne.

 

On est obligé aussi de soigner sa tenue en conséquence, de ne pas porter de baskets, parce qu’apparemment la vingtaine est un cap au-delà duquel on ne porte que des talons.

Ne plus se maquiller comme une gamine, ni avoir l’air trop apprêtée.

Lire du Truman Capote et non pas Harry Potter dans le tram.

Bannir les machins à paillettes, et les phrases du style « haha, il déchire ton fute mec ».

Toujours avoir l’air classe, mais pas trop, un air détendu mais un peu coincé quand même.

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Parce que ça devient presque une nécessité, ce besoin de s’affirmer.

Une volonté qui est pourtant souvent contrebalancée par ce plaisir de rester jeune.

 

Il ne faut pas se leurrer, dans tout ce micmac de frustrations, il existe une partie de moi qui aime qu’on lui dise que les années n’ont pas encore de prise, que j’ai un bonus par rapport aux autres.

 

J’en joue parfois, je suis tantôt jouette, tantôt carrément loque.

Je rentrais gratuitement au Louvre, JADIS, alors que j’avais bien dépassé l’âge limite pour pouvoir profiter de ça.

 

Je plais aussi bien plus au garçons plus jeunes que moi.

Ce qui pourrait me flatter/servir si j’étais une cougar avant l’heure, ou un peu mentalement retardée, mais qui a plutôt tendance à me désespérer.

 

On a beau me dire qu’avec un cadeau pareil de la nature, je ne devrais même pas faire ma ronchon, que l’on me voit comme quelqu’un d’à peine majeur et qui viendrait seulement de décrocher son bac ne devrait pas m’offenser.

 

Que tout ce temps qui ne se voit pas c’est autant de minutes et d’heures gagnées pour plus tard.

Pourtant je reste sceptique quant à la réelle utilité de ce présent maternel.

 

Parce qu’à part coller aux codes de beautés actuels, à savoir « préserver votre jeunesse de manière éternelle », ce dont je me contrefous, il n’y a pas un seul moment dans ma vie dont mon manque de maturité physique pourrait profiter.

 

J’ai pourtant tous les attributs d’une femme, le porte-monnaie qui va avec, des cheveux coiffés, et pas une touche de gloss rose fuchsia sur les lèvres.

Je marche normalement, je n’ai plus d’appareil dentaire pour gâcher la vue, ni de macro-globes quand je mets mes lunettes de binoclarde.
Mais c’est comme une ritournelle, j’ai une tête de môme, un peu coincée entre deux temps, je m’y fais tu sais, même si ça fait long le voyage.

Il y a des jours qui durent longtemps, où les gens restent accrochés à mon visage sans croire à mes mots quand je leur dis que j’ai plus de vingt ans.

A penser que mes petites sœurs sont en fait les plus grandes de la famille, alors que j’ai tous les arguments pour prouver le contraire.

 

Ah tu sais dans ces cas-là il n’y a rien à faire.

Juste attendre que ça passe.

Caribouland
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