Catégorie : Humeurs

18 avril 2012

Je n’ai pas des pieds de mademoiselle

On a tous un corps qui commence par une tête et finit par des pieds.

A priori.

En tout cas moi je suis née comme ça, avec des petons tous petits, tous mignons, qui tenaient dans les mains de ma mère, ont fait leurs premiers pas.

Puis se sont fait oublier à mesure que je grandissais, puisqu’ils s’éloignaient de mes mains, que je prenais de la hauteur.

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Même si c’est bien chouette de pouvoir marcher, j’aime pas mes pieds.

Ils sont un peu malingres, fins, leurs doigts ne sont pas longs, mais tous courts, on dirait que sur mon plan de montage on a voulu faire des économies sur les phalanges.

Les ongles n’en parlons pas, le vernis n’a pas sa place sur une surface aussi péniblement étroite.

Je ne marche pas droit, ils font leur vie, surtout le matin, quand je ne suis pas bien éveillée, y en a toujours un pour dire merde à l’autre.

Je vois toutes ces filles qui se baladent en faisant des petits pas, perchées sur des échasses, la gambette aussi longue qu’un chewing-gum qu’on étire.

Il y a comme un air fleuri dans leur sillage, une idée de classe à la Audrey Hepburn.

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Ça s’invente pas une belle démarche, y en a pour qui c’est inné.

Je pourrais faire comme elles, passer des chaussons merveilleux, me sentir comme dans une pantoufle alors que j’ai pris 10 centimètres en un tour de main.

Mais mes pieds n’aiment pas ça.

Ça se recroqueville, se tord dans l’escarpin, et la douleur paraît sur mon visage, bien présente, intenable.

J’ai essayé, mais rares sont les paires dans lesquelles je me sente bien.

Du coup je reste à regarder les chaussures à talons haut, assise sur un pouf dans un magasin, avec un vague sourire collé au visage quand je vois une pimbêche marcher comme un canard.

 

Je n’ai pas des pieds de mademoiselle.

Mais je les chouchoute quand même.

On ne sait jamais que je tombe un jour sur un fétichiste du panard demi-portion.

Caribouland
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16 avril 2012

Défi du lundi : je vais te donner envie de manger des sushis ♥

My beauty Quebec lance un défi comme ça, chaque lundi, histoire qu’on soit unis autour d’un même thème, et là ça m’a tellement fait plaisir, que j’ai décidé de le relever.

 

« Défi du jour : l’Asie à l’honneur. »

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Quand j’étais petite, il y a eu un moment où on n’entendais que ça: « de toute façon, ça, c’est du made in china« .

C’était devenu une sorte de ritournelle qui habitait la cour de récré, comme quand les gosses se trouvent une nouvelle mode. On se regardait les étiquettes des vêtements pour voir qui en avait le plus qui venait de là-bas.

Puis c’est passé.

On a reçu des tamagotchis, puis j’ai eu un gsm panasonic pendant que mes amis avaient des furbys. On regardait sailor moon, les power rangers, tout ce genre de dessin-animés assez différents.

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Puis c’est passé.

Et une fois arrivée dans la grande école, l’Asie n’avait plus trop de prise sur moi.
J’ai continué à vivre comme ça, à errer de classe en classe, jusqu’à acheter à une foire du livre le nouveau roman d’Haruki Murakami, et je suis devenue mordue.

J’ai acheté méthodiquement tous ses livres, ou quasiment, je me renseignais sur d’autres auteurs, je dérivais de plus en plus vers les mangas, Tezuka, et l’humour particulier de la plume à la japonaise.

Parce que ce qui m’attirait le plus ce n’était pas la Chine, mais le Japon.

La folie du Japon, l’île aux merveilles roses et kawaï, à la population toujours plus dense, avec ses catastrophes, et une population aussi meurtrie par les évènements naturels.

J’allais chez le coiffeur, je voulais les cheveux lisses-baguette, j’ai commencé à aimer les sushis (que je huais avant) et à apprendre des mots, poussant le vice jusqu’à acheter un livre sur « apprendre le japonais en 10 leçons ».

Ca a influé sur moi jusque dans mes dessins, dans ma manière de tenir mon pinceau, d’appréhender la feuille de papier.

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Pour ce qui est des cosmétiques, j’ai adopté la technique du millefeuille, les masques en coton, j’ai dévoré des yeux les sites asiatiques en faisant des waouw et des oooooh.

Mais je n’ai qu’un produit dans ma salle de bains qui vienne d’Asie, parce que je suis frileuse, peur des frais de douane, le temps d’attente qui me rend nerveuse (:D ), et que surtout pour l’instant, j’ai une routine en béton et qui fonctionne vraiment bien, donc pas besoin de plus.

 

Le produit que j’ai, c’est le dieu Tamagohada, un tube à avoir, que j’utilise uniquement quand j’ai « ma poussée de boutons » du mois, contre laquelle je ne sais rien faire, même pas avec le meilleur layering du monde.

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Les boutons sont vite éradiqués, en deux jours plus ou moins. C’est un produit qui mousse à souhait et laisse vraiment la peau nickel.

Il y a une revue complète par ici, sur Modjo.

 

Si je ne devais vous citer qu’un seul lien qui vaille le coup d’oeil pour les articles cosmétiques qu’il y a dessus et leur qualité ce serait celui-ci :

Les beautés testent

 

Je crois que j’ai fait le tour, je vous laisse en compagnie de Maru, le chat, ça égayera votre journée au boulot puisqu’on a un lundi sous le soleil/la grêle/la pluie.

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Sayonara les roses !

Caribouland
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14 avril 2012

Le costume bleu

Il y a des gens qui font partie de mon quotidien, qui ont un nez, une bouche, deux oreilles, et pourtant une incapacité latente à écouter.

Il est vrai qu’en général, ce n’est pas parce qu’on a des mains que l’on a forcément la force pour attraper des choses avec.

Mais je vous assure que les facultés auditives de mon entourage ont tendance à décroître à mesure que les jours passent.

 

La plupart du temps, rien de grave, j’avais demandé à ce qu’on m’achète des pommes et on me met des bananes dans les bras.

Je demande un verre d’eau, on me donne du chocolat avec un supplément de chantilly (c’est gentil, fallait pas).

Ou encore, il faut d’urgence du papier toilette, mais il a été oublié dans son rayon au magasin.

Rien de quoi se prendre le chou, au départ, mais à force, tu peux comprendre que la petite Rose, ça finit par lui courir sur le haricot.

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Du coup ça prend des proportions terribles : « oui mais j’avais dit que, t’avais demandé de, pourquoi tu n’as pas ? »

Et dans l’enthousiasme général, on mange une banane en s’essuyant les fesses avec la pelure, puis tout le monde s’énerve, et finit par se traiter de tartiflette.

Du grand art.

 

C’est dans ce genre de quiproquos que l’on t’affuble du costume de mauvais foi, celui qui traîne par terre comme une loque, qui est bleu électrique et moche au possible.

C’est vraiment le costume qui hérisse le poil jusqu’au ciel, et te faire dire « bleuargh » avec des yeux révulsés.

Alors tu tires sur les coutures, tu fais la grimace, tu affirmes que tu avais dit vers 15h02 de ne surtout pas oublier le GPS dans l’armoire du bas pour le voyage du lendemain, parce qu’à 15h03 tu te souviens t’être planté un bout de fourchette dans le petit doigt et qu’après tu était incapable de parler (normal, tu avais ta chair en sang collée en bouche pour calmer la douleur).

 

Mais les personnes qui ne t’écoutent pas n’ont pas non plus envie de t’entendre, enchaînent sur tout ce qu’elles ont à te reprocher sur les dix dernières années, avec un soupçon de « je te l’avais dit » dans la voix.

Pourtant tu es certaine de ce que TOI, tu as dit.

Parce que tu as une mémoire auditive extrêmement balaise, qui te rend la vie compliquée, et te fait te souvenir de tous les mots qu’un quidam déblatérait à un mur sur le quai d’une gare en juin 96.

 

Du coup, tu te dis que pour la prochaine fois où on ne t’écoutera pas tu seras parée.

Tu auras été faire un tour en quincaillerie, une casquette vissée à la tête, dévalisant les rayons « espionnage dans la limite de la légalité », installant des webcams dans toute la maison, optimisant les entrées micros placées sur les meubles, ne négligeant aucun détail, évitant tout point mort.

T’es au taquet, au maximum de tes performances, avec la ferme intention de pouvoir affirmer sans un doute «je t’avais prévenu ».

Tu prépares tout ce qu’il est possible pour contredire ton adversaire, tu dresses des pièges, fais signer des papiers qui disent que t’es une déesse (tant qu’à faire), parce que dans deux jours on te dira le contraire, et au moins tu pourras prouver ta bonne foi, cette fois.

Et faire en sorte que l’on te croie.

 

Mais bizarrement, les gens qui ne t’écoutent pas ont tendance à muter.
Quand tu arrives effectivement à prouver que tu as raison, la personne se décompose dans un bruit de succion et se transforme en costume bleu.

Un costume bleu qui brille par sa mauvaise foi lui aussi, mais cette fois bien porté, presque classe, et qui essaye de démonter tes preuves pourtant si tangibles.

Il tente même un moonwalk pour faire passer ses fourberies, alors que tes yeux deviennent vitreux sous l’effet de la colère.

 

Pour un cas comme ça, tu n’as qu’une réaction qui fasse l’affaire, quelque chose d’instinctif qui part de la tête jusqu’à la main, en passant par le coude.

Tu fiches une claque, et part bouder.

« C’est vrai quoi, fallait pas me pousser à bout ».

Caribouland
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8 avril 2012

Les Foulamerde en plaine de jeu

Travailler dans une plaine de jeu grand format, c’est comme offrir Disney au citoyen, il pense qu’il a droit à Mickey, Minnie, et un chant de noël avec bougies crépitantes.

Que même toi, pauvre serveuse, tu devrais lui dérouler un tapis rouge et danser la cucaracha, sauf que non, moi je ne danse que le tango, et encore j’aime pas ça.

Quand les clients arrivent, ils passent par l’entrée, lâchent leur enfants dans l’énorme espace de jeu, font des coucou, puis se dirigent vers l’espace restaurant pour boire un verre.

Donc à priori tout le monde devrait avoir le même traitement.

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Grave erreur.

Les clients ont toujours tendance à se diviser en deux camps : ceux qui comprennent que seule derrière le bar, tu ne peux vraiment pas te transformer en Vishnu à 10 bras en deux temps trois mouvements, et qui donc patientent sagement.

Et les autres, qui ont l’intention de te construire un lance-roquette avec des pailles, de laisser leurs enfants défoncer les sièges avec des fourchettes, puis surtout, de faire une commande de plat aussi grosse que la réserve d’un fast-food, mais bien plus compliquée qu’un plan ikea.

Ces autres, ce sont les godzillas de ma journée.
J’ai un radar, je les vois arriver à des kilomètres, je sens que je vais passer un sale quart d’heure avant même qu’ils soient derrière le bar, mais je prends sur moi.

Leur enfant est toujours le seul qui tombe dans l’eau du bassin, c’est toujours celui qui a voulu courir sur l’espace des auto-tamponneuses alors qu’elles étaient en marche.

Quant aux parents, ils ont décidé que la journée qu’ils passent se devait être l’équivalent d’un séjour club med all inclusive, et que s’il manque un mot dans ta phrase, ils vont te faire vivre un enfer.

En gros, c’est la famille Foulamerde au complet.

Avec en prime mini kid qui braille.

 

Les Foulamerde te commandent toujours une pizza, et une fois qu’elle est cuite, viennent finalement changer la commande pour une lasagne végétarienne avec supplément de viande.

Ils exigent toujours à ce qu’on débarrasse leur table avant de payer, sauf que nous on fait payer avant de servir, du coup on joue à l’œuf ou la poule pendant 10 minutes au comptoir.

Ils viennent prendre des boissons, et une fois que tu les a toutes sorties des frigos, ils te disent qu’ils aimeraient plutôt les avoir tempérées et avec des pailles roses à paillettes.

Les Foulamerde te payent toujours cash, avec un billet de  100 quand ils doivent régler un montant de 1 euro 75.

Et quand ils ont un ticket gratuit pour une boisson enfant, ils arrivent quand même à te sortir « est-ce que je peux prendre une bière avec ce ticket ? »

Bah non, Duchmol, à moins que ton gosse soit fort précoce niveau descente d’alcool, il n’y a PAS MOYEN.

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Puis, avec l’après-midi qui s’installe, les esprits s’échauffent, et tout devient étrange.

Des fois les parents se transforment en zombies, du côté des gentils comme des méchants.

Ils arrivent en faisant « rhaaaaaaa, grouniouf », et en pointant du doigt quelque chose derrière toi.

Apparemment, ils aimeraient des chips, mais ils te laissent toujours deviner le goût (sans ça la commande serait moins excitante).

 

Alors oui, parfois j’aime bien travailler en plaine de jeu.

T’as l’impression d’être le roi de la jungle, c’est toi qui abreuve la patrie, tu reçois des sous en cachette quand t’as été adorable, et tu fais mine de rien quand un parent écoute son enfant crier sous la table.

 

Mais même quand les Foulamerde ont quitté la plaine de jeu, ils te laissent un champ de bataille derrière eux, une table dévastée, défigurée, avec des glaces fondues qui ont servi à faire des dessins sur les sièges, des morceaux de chips collés dans les verres, et une vague impression de Tchernobyl qui traîne dans l’air.

Ils ont explosé quatre verres sur le sol, ça fait plein de petits points qui brillent, du blanc sur un sol blanc, avec des enfants qui courent pieds nus juste là où il y a un morceau de verre tranchant pointé vers le ciel.

Pour couronner le tout, il y a, collé sous une chaise, une couche culotte usagée version « mini-bombe » qui me laisse perplexe.

 

Ces gens sont vraiment des pros du bizutage de serveuse, des oufdingues de grand niveau.

Tu peux me croire sur parole.

Caribouland
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