Quand, comme moi, on n’a pas la santé super strong, et qu’il nous arrive de bouffer les ordonnances comme un aspirateur, on se retrouve souvent à devoir aller poireauter en pharmacie, et ce pour le plus grand plaisir des gens qui s’y trouvent.
Je connais deux sortes de pharmacies : celles qui sont énormes et où tu as trois secondes pour regarder les produits (au cas où tu viens te réapprovisionner en Vichy, Avène, et tout le toutim) et celles où tu n’as pas ce temps-là, et l’espace entre toi et le comptoir est fortement réduit du fait du peu de place.
J’ai une grosse préférence pour les grandes pharmacies.
A priori.
Mais j’y mettrais bien les employés des petites pharmacies, histoire d’allier plaisir du regard à plaisir d’y papoter.
Les pharmaciennes, en général, sont adorables, peu insistantes, elles font leur job comme il se doit.
Puis t’en as d’autres qui te harponnent comme si tu étais le nouveau poisson dans le ruisseau, quitte à te mettre mal à l’aise, et puis d’ailleurs tant mieux si t’es mal à l’aise, ça te fera acheter plus vite un produit dont tu n’avais même pas besoin au départ.
En somme, je ne connais qu’un seul établissement comme celui là.
Les deux pharmaciennes sont derrière leur comptoir, telles des tenancières de bar et attendent qu’on leur parle de la commande du jour. Si tu ne viens pas à elles, elles foncent sur toi, demandent quel est ton problème, est-ce que tu es sûre que tu as ce problème ? (bah oui quand même, vous allez me faire douter), est-ce que tu ne veux pas plutôt ce produit là qui coûte le double, mais dont tu n’as jamais entendu parler, plutôt que celui d’une marque qui a fait ses preuves en coûte bien moins cher ?
Ca a un goût de « aie confiance » façon livre de la jungle, ces deux pharmacienne-là seraient capable de me faire croire à des maladies que je n’ai pas, c’est dire l’incidence qu’elles ont sur leurs clients.
Pourtant elles sont vieilles.
Et carrément moches.
Il y en a une qui est plus commerciale que l’autre, la seconde préférant te faire quitter la pharmacie sans rien en te disant « je vous laisse réfléchir ».
Je ne sais pas si c’est l’établissement en lui-même, qui serait coincé entre deux mondes, comme le quai de gare dans Harry Potter.
Toujours est-il que d’y entrer me donne toujours l’impression d’être tombée dans une faille temporelle.
Je dois m’accrocher à mes convictions, préparer mon speech à l’avance, c’est bien plus crevant que de seulement choisir ses produits comme une acheteuse lambda.
Il y a une seule pharmacie que je connaisse où quand j’y entre c’est le pays des bisounours.
Elles ont toutes des blouses blanches, des sourires jusque-là. Il y a des employées qui sont voilées, choses que je n’avais jamais vu dans mon quartier, et tout a l’air de tourner comme si il y avait un parfum d’extase dans l’air.
Alors, je ne sais pas si c’est forcément mieux que les deux mégères, mais je préfère les dames sourire.
Et puis, s’il y avait moyen, j’aimerais encore mieux avoir un pharmacien.
Caribouland