« Non mais allo quoi, tu pars pas en vacances ? C’est comme si je te disais t’as un bikini dans tes tiroirs mais tu ne sais pas cuire un calamar avec, allo ? »
Moi je la connais la frénésie à la belge : dès qu’il y a un rayon de soleil, tu vois des hurluberlus traverser les rues avec un crocodile gonflable sur la tête, les tongs qui cisaillent leurs doigts de pieds et la bedaine qui dit bonjour au monde entier.
Des ringards comme ça, j’en ai vu des milliers depuis que je suis petite, et cette petite hystérie qui s’installe pendant les premiers beaux jours de l’été me fatigue.
Les questions fusent, on se prend toujours la même dans le visage :
« hé dis, tu vas où ? »
Tout le monde sait que le « où », c’est le FAMEUX, celui qui englobe le « vamos à la playa », « mojito et bella dona », et « t’as pris la crème solaire ? ».
Cette année, je n’ai pas de où, cette année je reste en Belgique.
Un peu cramponnée à ma bouteille d’eau thermale, je fais des râles de vieille dame en train d’agoniser, et dès que le mercure affiche plus de vingt degrés, je m’imagine être une tranche de boeuf qu’on fait gémir sur un barbec avec de la sauce béarnaise étalée sur tout mon corporel, je glisse et je crame.
M’imaginer arpenter les rues pour dégoter l’offre du siècle pendant les soldes, c’est hors de question.
Mon argent gèle dans mon portefeuille, c’est d’ailleurs sûrement l’endroit le plus frais de tout l’appartement.
Y en a qu’un qui profite comme un tapis hindou de la situation, c’est le chien couché par terre qui se la joue descente de lit. Parfois il erre comme un petit animal mexicain à la recherche de son oasis, puis il se recouche.
Le pied, la banane.
Et puis ils ont quoi tous ces gens à parler d’Espagne, de Portugal, de marches en montagne, et de kitesurf ?
J’ai du sang sarde moi, à midi c’est le repas, à 14h la sieste, à 18h on se fait beau, et à 2h on va se coucher.
J’ai sûrement plus d’affection pour le farniente que les vacances organisées, celles où au saut du lit, on vous prend par les mains pour les accrocher à la taille, et hop, c’est la chenille qui redémarre.
Chorégraphie le matin, karaoké, t-shirt du club et tutti quanti, je trouve pas ça olé olé, je préfère flâner loin de la foule.
Cette année donc, je n’ai pas de où. Je ne pars pas.
La Sardaigne me manque, un peu beaucoup, mais je n’ai pas envie de voir une autre mer que celle que je vois quand je sors de l’hôtel à Cala Gonone, pendant qu’on me sert un cappuccino moustache, celui qui laisse le dessus de la lèvre taché de mousse blanche.
J’aime bien l’été, mais il a moins de charme en Belgique.
Sauf pour les moules-frites.
Caribouland
Pas de où pour moi non plus, et d’ailleurs jamais en été (en été, j’hiberne)… je me traîne, et ne ferais les soldes pour rien au monde (puis les dessous de bras qu’on agite dans les bus et métro, dès qu’il y a un rayon de soleil, c’est pas possible). Je ne bouge tout simplement pas! Un bouquin, du thé, des pommes, et LE BONHEUR
J’aime faire partie de ses gens qui dès le saut du lit se livre aux sports, puis au karaoké ou aux activités de groupe. Comme quoi il en faut pour tous les goûts … En tout cas j’adore ta façon de décrire ton chien et son comportement. Je revois trop la chienne à mon frère faisant des aller-retour entre le gazon baigné de soleil et le carrelage froid de notre séjour. C’est sur la vie de chien 😉
Cette année pour la première fois depuis 3 ans (création d’entreprise et bébé oblige) il y aura un où mais alors où…? Et bien grâce a ton article je penche pour la Sardaigne! Si tu as des tuyaux d’ailleurs 🙂 merci pour cet article qui m’a bien fait rire, moi non plus je suis pas chenille et karaoké avec des chaussettes et des tongs par dessus looool