J’ai un peu du mal avec les changements d’heure.
C’est comme si on me piquait un corn flakes en plongeant ses doigts dans mon bol, ou qu’on me servait une grenadine trop sucrée.
Ça n’a pas de sens, ça emmerde, et implique un changement.
On claque une baffe à la personne qui a trempé ses doigts dans notre petit-déjeuner, on jure, on change de bol.
Faut comprendre, je suis habitée par l’étrange sensation que les objets numériques me niquent, qu’en ayant remonté tout d’une heure le soir, le matin je me retrouve avec un temps qui ne paraisse pas bien réel.
Du coup trip sur la réalité, saut du lit, je tombe, je me cogne à l’armoire, j’appelle ma mère, Pujadas, pour être sûre que des lilliputiens ne m’ait pas enlevée dans la sixième galaxie.
C’est le seul moment de l’année, quand on me pique cette heure au printemps, où j’ai du mal à redémarrer.
Je traîne ma couette, m’arrête à l’escalier.
Je regarde ma montre.
J’en ai pas.
Et une fois arrivée en bas, je me rends compte que l’horloge de l’entrée indique six heures trente.
Que le soleil qui inonde le ciel est loin d’être un soleil de six heures trente, et je comprends que la pendule vient de tomber en panne.
Du coup je regarde mon gsm, je ne sais plus si j’ai changé l’heure hier au soir ou si le téléphone l’a fait automatiquement.
Je me mets à douter sérieusement de mes neurones, je me dis que je devrais rappeler Pujadas.
Pourtant, dans mon élan, je me mets à faire comme les indiens à plumes, plantée dans le jardin, les pieds dans la terre, le bâton en main.
Et me la joue « à l’ancienne », à chercher l’ombre sur le gazon.
Forcément ça faisait des vagues.
But the sun never lies.
Caribouland