Je déteste le mot menstrues.
J’ai l’impression d’être une morue quand elles arrivent, de ne pas pouvoir gérer mon corps, je hurle, je gueule (pourquoi chuchoter ? Vous me faites tous chier !), je pleure pour une mie de pain tombée à terre, personne ne comprend sauf les amies qui baissent les yeux et attendent patiemment que je me reprenne, hormonalement parlant.
Je suis un peu un cas particulier parce que j’ai été mise sous pilule pour pouvoir « avoir des « règles » plus régulières » et m’éviter de tomber dans les pommes à chaque cycle.
Problème à moitié résolu vu que j’en étais quand même à rester allongée deux jours de suite à gober des antalgiques et à faire des râles de femme enceinte à chaque contraction.
Grosse dondon dans toute sa splendeur, être une femme c’est aussi souffrir et se sentir misérable, alors que « c’est la nature qui veut ça ».
Si ça ne tenait qu’à moi, je vendrais mon utérus à -50% pour m’éviter la bouillotte brûlante sur le bidou, pour ça que j’enchaîne les plaquettes la plupart du temps, mais financièrement et psychiquement, j’ai toujours besoin de faire une pause tous les X temps pour remettre les pendules à l’heure, même si je sais que les règles qui me rendent visite ne sont pas naturelles à proprement parler.
La découverte de la cup
J’avais regardé une vidéo de la charmante Kinoko, et je suis restée scotchée du début à la fin.
Je venais de découvrir un monde peuplé de cup et cup addicts, je me demandais comment un engin pareil pouvait entrer dans la foufoune (alors que bon, on te dira que si « la queue d’un homme y entre et la tête d’un gosse en sort, c’est qu’une cup peut y faire son nid »), et qui avait eu l’idée saugrenue de nous faire croire qu’une coupelle nous ferait plus de bien pendant la période rouge qu’un bon vieux tampon.
J’ai passé plus d’une semaine à recueillir des informations sur le sujet, et plus j’avançais, plus je me rendais compte que finalement, la majorité des femmes était passée à côté d’une invention qui avait été créée en même temps que la petite souris blanche (vers 1930!), mais qui avait vite été remisée au profit d’une solution jetable.
Le tout jetable, le manque de dignité
En période de règles, les jours les plus lourds étaient jours de fête avec 3 voire 4 tampons super plus utilisés (marque Tampax, avec ses beaux applicateurs), de 2 à 3 serviettes en journées et une extra longue la nuit. Autant vous dire que non seulement, les toilettes sans poubelle me grimpaient sur le haricot, mais que j’en perdais toute ma dignité.
Coller et décoller une barque blanche dans le fond de sa culotte (et le bruit qui va avec en dolby surround dans les jocs publics), sentir les ailettes qui jouent à se plaquer sur les cuisses, la macération active dans la zone qui empire d’heure en heure, quand la petite ficelle du tampax avertit qu’il est temps de se rendre en urgence aux toilettes.
Les nuits passées avec l’impression d’avoir un pampers entre les jambes, devoir ressortir sa grosse culotte de Bridget pour ne pas tacher nos plus beaux sous-vêtements. Regarder dans le miroir pour essayer de voir si la marque de mon slip parachute ne se voit pas trop sous un certain angle.
Et marcher, entendre la matière qui fait un concert de bruit plus bas, être dans l’urgence et ne pas avoir pensé à prendre un tampon de rechange, prendre sur soi et en demander un avec un regard de pitié, penser qu’on peut mourir rien qu’en s’insérant un bout de coton dans le vagin.
Tous ces risques.
Et à côté de ça, il peut y avoir les douleurs, les nausées, les maux de tête, autant de choses qui ne donnent pas non plus envie de prendre trop de temps pour s’occuper de chutes de niagara qui opèrent en toute impunité dans notre plus profonde intimité (Braaaaah, le monstre rouge !).
On se sent sale et odorante, pas comme la fille hystérique qui fait du parapente avec un sourire jusque-là parce qu’elle porte une serviette Nana ultra-flexible avec coussinets extra-absorbants intégrés et parfum fleur de lilas.
On s’en branle.
Dans la vraie vie, les règles ne sont pas nos amies, ce sont des ingrates.
L’éducation anatomique, les protections périodiques
Quand j’étais à l’école, on a très peu vu le chapitre sur les organes sexuels, on s’est plus attardé sur la rencontre spermatozoïde et ovule, plus que sur le (fameux) sujet de l’anatomie féminine qui pouvait un peu trop faire rougir la prof et l’audience.
Pourquoi se compliquer la chose quand on sait que la plupart des jeunes filles recevront vers leurs 12 ans un pack chez elles et un petit carnet explicatif pour mieux appréhender leurs règles à venir et l’univers des serviettes et autres protections périodiques.
En faisant un tour au supermarché il y a quelques jours, je me suis rendue compte de la très grande variété de produits conventionnels, mais aucun endroit où se trouvait une cup, les produits bio/plus cleans étant cruellement évincés au profit des marques comme Always, Alldays, Tampax, Nett, Nana et Vania, les plus gros vendeurs du marché.
L’avantage économique mis en avant, mais pas seulement
Les cups sont faites en silicone, latex ou TPE (matériau utilisé pour fabriquer des cathéters), et ont une durée de vie qui peut aller de 5 à 10 ans avec un bon entretien, elles ont donc une fabrication qui émet mais leur longévité les avantage.
Quand on sait que pour une seule période de règle, on peut utiliser de 10 à 40 protections périodiques, on entame un budget qui ne sera jamais amorti (alors qu’avec la cup oui), et on pollue inutilement en utilisant des tampons/hamac de slip à usage unique.
Le sujet qui fâche est celui de la santé, vu qu’il paraît plus naturel pour la plupart des femmes d’exposer leur chatoune à un produit blanchi avec des substances chimiques (sans compter qu’un tampon peut laisser de fines particules dans le vagin qui est hautement perméable en période de règles, voir une vidéo très intéressante à ce sujet !!!) plutôt que d’y insérer un matériau inoffensif et non propice au développement des bactéries quand utilisé dans des conditions d’hygiène normales.
Il y a quelques mois, j’avais été moi-même confuse de ne pas trouver la mention des ingrédients sur un paquet de serviettes Always que je lisais au toilettes (je fais ce que je veux), alors qu’en soi, je pensais que tout produit sur le marché devait mentionner ses composants.
Il semble que dans cet univers, seul la sphère bio respecte un effort de clarté à l’égard de la consommatrice, le reste du troupeau préférant nous traiter comme des ignares.
Certaines utilisatrices parlent d’une diminution d’infections régulières depuis qu’elles utilisent la cup, en mentionnant le plus souvent la cystite (bactérie qui remonte le long de l’urètre) et les mycoses (altération du pH des muqueuses vaginales, donc branle-bas de combat dans ton épicentre, les tampons sont connus pour ne pas être vagino-friendly, absorbant plus que ce qu’ils ne devraient, surtout en tout début et fin de période).
J’y suis moi-même très sujette, et je suppose que les femmes qui sont particulièrement sensible de la vaginette ne gardent pas un souvenir mémorable du retrait de fin de règle d’un tampon qui nous a vidées de toute notre substance en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.
Glamour, my dear.
Ma première expérience de la cup, le choix, ma révolution
Le choix est assez incroyable vu qu’il y a plus de trente marques qui commercialisent la cup, chacune ayant des qualités particulières de taille (contenance), de souplesse (facilité d’insertion), et de tonicité (capacité de la cup à reprendre sa forme).
Les plus connues sont la Keeper, la Divacup, la luna, Fleur et ladycup, ainsi que la Mooncup(US ou UK).
Pour faire mon choix, j’ai fait un petit test sur le site d’Easycup, qui est une vraie mine d’or pour trouver les informations pour se rassurer sur le sujet mais également des solutions quand on rencontre des problèmes.
Le moteur de recherche m’a sélectionné plusieurs coupes et m’a chanté que la Meluna Classic Moyenne était a priori celle qui devait parfaitement me convenir, compte tenu de mon flux et des autres paramètres.
J’ai quand même encore creusé, en bonne psychopatate qui se respecte, et finalement, j’ai commandé ce modèle en me disant que je ne me ruinais pas, la marque allemande faisant partie des plus abordables dans le domaine des cups (compter de 15 à 30 euros en moyenne) et ayant une très bonne réputation.
Leurs coupes sont garanties sans latex, sans bisphenol A, sans phtalate et sans alkylphénol.
L’essai à blanc
Certains témoignages parlaient d’un essai un peu avant la période de règle pour pouvoir mieux appréhender la bête.
Honnêtement, je vous le déconseille : j’ai essayé la cup quelques jours avant, et même si l’insertion s’est faite sans trop de difficultés, le retrait était une autre paire de manche. Je me tordais dans tous les sens, impossible d’atteindre la petite tige pour au moins me guider. Après 30 minutes d’effort j’ai enfin fini par l’enlever en espérant que le jour J ne soit pas un un trifouillage sanguinaire interminable.
Jour J
Je suis presque contente que ce soit le début des ragnagnas #grosseMaladoufInside. Je choisis toujours le même pliage, le punch down (le C fold est plus courant et il y a au moins 3 autres possibilités), et je positionne bien un des trous de la Meluna dans le pli pour qu’elle s’ouvre plus facilement une fois en place.
En l’insérant, je ne la lâche qu’une fois qu’elle est complètement rentrée, et elle se déploie d’elle-même (honnêtement, je ne sens rien). Une fois bien mise, elle va prendre la position qu’elle veut, donc il est possible qu’elle remonte un peu plus haut que là où vous l’aviez placée.
Je la change à midi puis le soir avant le dodo, et les premiers retraits sont difficiles parce que je ne pige pas cette histoire de « déventousage ». En fait il s’agit simplement de pincer la cup à la base et elle vient toute seule, je n’avais juste pas le bon coup de main.
A propos des trous : ils servent à maintenir une pression constante dans la coupe. Quand du sang arrive, il faut que de l’air sorte de la cup pour laisser la place nécessaire au flux. Si les trous se bouchent, il y a fuite, l’air cherchant un moyen ou un autre pour sortir, il faut donc veiller à ce que les trous soient toujours bien nettoyés et ouverts.
Les jours suivants
Je n’ai eu un mal de chien au ventre que la première journée, les jours suivants se sont passés sans antidouleurs, je ne sais pas s’il s’agit d’une coïncidence, on verra par la suite, mais pour moi ce fut une vraie réussite.
Je commence à prendre le coup de main pour vérifier qu’elle est bien insérée : il faut faire le tour de la cup avec son doigt pour être sûre que le col de l’utérus ne se trouve pas à côté du goal (au toucher, il ressemble au bout d’un nez), mais même sans vérifier, je sais qu’elle est bien placée vu que dans les minutes qui suivent je n’ai pas de fuite.
Fait important : contrairement au tampon, il n’y a pas de perte entre les « changes », ce qui m’a perturbée au départ, mais ajoute encore plus au sentiment de liberté.
La coupe Meluna étant assez souple, elle a tendance à devenir ovale sous la pression des muscles, mais si cela arrive, pas de panique, ça n’altère en rien son efficacité.
J’ai passé des nuits ultra-mega-plouf sereines dans mes sous-vêtements favoris à dormir comme un parallélépipède qui s’assume et elle m’a permis de promener mon chien au réveil avant de penser à la vider, un bonheur (tu la connaissais toi aussi la course du matin entre ton lit et la toilette parce que la position debout ramène tout à la verticale ? Ici, c’est fini !).
Mon coup de coeur, des conseils de newbie
Je suis très déçue de ne pas avoir connu la cup avant, ayant eu mes règles à 13 ans, je n’ai même pas cherché à savoir s’il existait d’autres moyens pour me protéger, vu qu’à la télé il n’y avait de place que pour des tampons et des serviettes classiques.
Je me sens donc un peu trahie par certaines marques et les discours généraux dans les salles de classe, mais SOIT.
Une petite liste de considérations en vrac
- vu qu’elle est placée plus bas qu’un tampon, elle ne se fait pas sentir (hé oui, il ne faut pas la placer tout au fond du vagin, elle trouvera sa place toute seule)
- il existe toutes sortes de tailles, donc pas d’excuse, il y a forcément un modèle qui existe pour vous (vous pouvez vous faire une idée de la taille qui convient en longueur en tâtant le terrain et mesurant votre doigt, une cup trop grande pouvant se faire sentir ou être désagréable au port)
- OUI il faut être très à l’aise avec son corps, et ne pas craindre de chipoter sa Nanatomie, il n’y a que comme ça qu’on y arrivera. On prend également son temps les premières fois, une cup ne se perd pas dans l’organisme, c’est physiquement impossible, vous la récupérerez une fois en condition optimale (accroupie en poussant un peu, une jambe sur les wc, à vous de voir)
- elle tient toute une journée sans problèmes et on se rend souvent compte qu’on perd moins de sang que ce que l’on croit (oui oui, il ne s’agit pas d’une vidange de trois litres sanguinolents par cycle)
- elle peut se mettre le jour même des règles, sans que les pertes soient déjà en route, et peut se garder jusqu’à la toute fin des règles (qu’on me comprenne bien : faut toujours la changer tous les MAXIMUM 12h, moins c’est top, plus c’est trop)
- NON la cup n’est pas sale, le sang non plus (couleur pur rubis), elle se nettoie à l’eau froide à chaque fois qu’on la vide (l’eau chaude cuit le liquide et peut faire ressortir des odeurs à l’air libre) et se stérilise entre chaque période
- Elle permet aux parois vaginales de rester les plus naturelles possibles, sans altérer la flore interne, donc exit la sécheresse !
- on peut enfin brûler nos culottes extra-larges
- pas de contre-indication pour la piscine/le bain/jacuzzi ni pour le sport
- il y a des cups adaptées aux filles allergiques au silicone ou au latex
- on peut couper la tige qui sert uniquement de guide pour retrouver la cup après quelques heures, mais si elle ne vous gêne pas, gardez-la (personnellement je ne la sens pas, contrairement au fil d’un tampon qui me cisaillait gentiment l’entre-jambe). On ne tire jamais sur la tige, elle ne sert pas au retrait, contrairement à la ficelle d’un tampon
- le syndrome du choc toxique -SCT- est du à une bactérie qui va se développer dans le vagin et produire des toxines qui s’introduiront dans la circulation sanguine par le biais de micro-coupures (les tampons sont les champions pour favoriser le phénomène). Sachant qu’une cup ne crée pas de milieu favorable à cette bactérie, elle réduit considérablement les « chances » de développer cette maladie
- en moyenne vous mettrez entre 3 et 6 cycles pour amortir le prix de votre coupe
- vous ne schnouffez plus de la chatoune (quand il n’y a pas d’oxydation, il n’y a pas d’odeur !)
- pour éviter les débordements, changez-la plus souvent, les premiers retraits ne doivent pas se passer dans un bain de sang, je n’ai jamais eu les doigts recouverts et dégoulinants, tout était dans la cup
- en moyenne, une cup récupère bien plus de liquide qu’un tampon ou une serviette
- une cup peut se vider n’importe où (une bouteille d’eau dans une toilette sans lavabo, et le tour est joué), contrairement à un tampon qui ne peut se jeter partout
- généralement fournie avec un petit pochon, elle est plus pratique à prendre en voyage
- aucun problème pour aller aux toilettes avec (que ça soit pour la grande ou petite commission), pas de fil qui pendouille dans ce qui mouille
- vu le choix de couleur de certaines marques, vous pouvez rendre ce moment girly à souhait (si si !), donc faites vous plaisir (y en a même une bleue à paillettes chez Meluna, je vous dit pas l’effet « discothèque dans ta chatoune party »
- attention aux ongles, ils peuvent abîmer la cup comme votre intérieur douillet, donc on se coupe les griffes et on veille également à très bien se laver les mains avant de vouloir retirer ou mettre la cup
Même si mon avis est vraiment positif sur ce bidule, il est nécessaire que je vous dise que NON, normalement ça ne prend pas un seul cycle pour arriver à bien s’y prendre.
Peut-être que j’ai eu une chance de débutant de dingue, ou que je me connaissais très bien, mais je n’ai connu qu’une mini-fuite un jour où les caillots étaient plus important et ont bouché les trous, j’ai alors senti comme des « bulles », et j’ai directement été la vider.
Il faut donc être patiente (ce qui n’est pas le cas de tout le monde) et apprendre à se familiariser avec son corps, car la cup ne se colle pas dans le fond de la culotte ni ne s’insère avec un applicateur, les règles façon éco-bobo demandent un peu d’expérience et de savoir-faire.
Je terminerais (oui je vous ai tué avec mon article) en disant que je trouve la coupe menstruelle révolutionnaire, même si elle existe depuis plus de 80 ans et que je suis contente que de plus en plus de filles en parlent et permettent à d’autres (comme moi) de découvrir un pan inconnu de l’hygiène foufounale.
Il n’est pas normal qu’après autant d’années, le tampon jetable soit le roi de la danse alors qu’il engendre des problèmes sanitaires plus ou moins graves et une pollution conséquente, et que les rayons ne soient pas encore assez peuplés d’alternatives au moins plus respectueuses comme les protections certifiées bio.
Maintenant, mes règles se feront avec la cup parce que je le vaux bien et on se retrouvera dans quelques mois pour un bilan plus précis et plus complet sur l’entretien.
Depuis que je l’ai découverte, je regarde les publicités pour Tampax avec un regard qui en dit long, où se mêle dégoût, pitié et gros rire cynique sans retenue.
J’aimerais vraiment que cet article amorce un changement dans vos culottes (houhou la rigolote), bien sûr vous faites comme vous voulez, votre moule dorée, votre propriété, mais la cup, c’est la liberté dans une coupelle mamzelle.
Avec ça, tu peux même monter à dos de poney, avoue c’est chouette.
Des liens des liens des liens
Easycup
Meluna
« Dur à avaler » sur la cup
Consoglobe sur les protections jetables
Des bézouzes les Caribous !
Commandée sur Sebio pour la Belgique (17.90 FDpcompris)
Disponible sur la ferme des peupliers pour la France (pas de livraison Belge, mais plus de choix !)
Le site de Meluna livre internationalement (et offre souvent une deuxième coupe à ses clients)