Un jour, j’ai eu les cheveux très courts, aussi courts que ceux d’un garçon.
C’était quelqu’un de mal intentionné dans ma famille qui avait décidé de m’emmener chez le coiffeur parce que mes boucles étaient peut-être trop rondes, ou ma tignasse indomptable, j’avais sûrement été très méchante ou eu de mauvaises notes.
Tu sais, à l’époque, il se passait beaucoup de choses contre mon gré.
Résultat, j’étais ressortie du salon avec une coupe à la garçonne et des larmes dans les yeux, une petite tape sur l’épaule qui disait « bien fait pour toi ».
Bizarrement ça m’allait très bien vu que j’avais un visage plutôt allongé, mais comme on m’avait coupé dans mon élan de féminité imaginaire (à 12 ans, t’as pas forcément les atouts d’une ado à peau grasse mais tu te prends déjà pour une bombasse), j’ai mis des mois à m’en remettre.
Le temps que tout repousse.
Alors, oui j’en ai voulu à la personne qui a dit au coiffeur « faites comme vous le sentez », parce qu’il devait pas se sentir dans son assiette ce jour-là, le coupe-tif, et mon crâne en a sacrément pâti.
Bref.
Tout a repoussé lentement.
Je voulais mes lianes, ça tombait toujours pas sur mes épaules, et les garçons regardaient plus les filles qui avaient une croupe balayée par la pointe de leur capillarité qu’une pote comme moi qui ressemblait à l’un des leurs.
C’est à ce moment là, entre le jadis et le naguère de mon histoire, que j’ai découvert le hair power.
Pour certaines filles c’était comme une fatalité.
Même après une heure de sport, pendant laquelle la prof nous faisait faire trois tours d’un stade en plein été, elles restaient aussi belles qu’Ariel la sirène le jour de son mariage avec son brun de mari.
Je pouvais pas lutter.
C’est quand je me suis rappelée les Disney de mon enfance que j’ai été frappée par une chose : à part blanche neige et son chignon de grand-mère, toutes ces pipelettes d’héroïnes avaient le cheveu long.
Et elles avaient toutes des amoureux (ou tombaient en amour pour le bel homme du coin).
Et à la fin on voyait en grand « and they lived happily ever after ».
Puis le rideau tombait. Et tu rembobinais la cassette pour la voir une vingtième fois.
Tout se rejoignait, Ariel faisait du gringue à toute la faune et la flore qui l’entouraient, et il ne traînait pas une seule fille avec des cheveux courts dans cette imagerie enfantine, à part la grosse Ursula, méduse à poil court et abominable cruauté des fonds marins.
Du coup tout ça s’était mélangé en moi, et depuis toute petite j’adhérais à cette conception de la beauté féminine : avoir des cheveux longs ça faisait fille.
Puis j’ai eu des amies à short hair.
Des amis à long hair.
La guerre des sexe à commencé dans la cour de récré, Disney a été mis à mal dans mon esprit, et j’admettais, des années après, avoir été jolie avec ma coupe à la garçonne.
Mais c’est tenace cette envie de longueur, chaque été, depuis quelques années, je me retrouve avec des cheveux jusque-là.
Parce que j’aime bien, que ça me fait me sentir femme.
Même si je m’accroche avec dans les branches, que je dois faire attention quand je remonte la tirette de mon pull à capuche, j’ai plus confiance en moi quand j’ai ma grosse tignasse qui me tombe par-dessus les épaules qu’avec le cou nu.
J’ai peut-être inconsciemment envie de me sentir comme Ariel, de me peigner avec une fourchette, faire ma biche rousse et que le gros chien du beau brun me fasse de grosses lèches.
Le futur s’annonce langoureux, je te le dis.
J’ai juste pas encore trouvé de crabe à qui parler pour m’aider à trouver mon Bogoss attitré.
Bonne journée les roses !
Caribouland