22 avril 2016

Un cactus n’est pas une pipe #tome3

#TOME 1 Une glace n’est pas une sucette, considérations sur le langage des marques
#TOME 2 Tout ce qui change de nom n’est pas une révolution
aloevera

Par une belle journée – froide, à se peler les miches à la lime à ongle – ma soeur me tend un produit que j’avais reçu, que je lui avais donné (l’effet boomerang), et me demande ce que j’en pense.

Je regarde à l’arrière du flacon, puis le devant, et je me trouve face à un bug cosmétique, incapable de réagir convenablement. Oui, la blogueuse que je suis a parfois des court-circuits inattendus.

Les miens arrivent souvent quand une voix s’écrie dans ma caboche « NAN MAIS C’EST TROP FORT ».

 

Au début, ça se limitait aux enseignes à feuilles vertes qui n’avaient pas tellement de verdure dans leur tambouille, puis ça a évolué en une traque des marques de parfumerie et leurs affiches trompeuses. J’ai fini par m’avouer vaincue en admettant que dans ce monde, si on voulait croire qu’en achetant la lotion corps Dior J’adore, on allait finir comme Charlize Theron, c’était bénéfique pour le cerveau des gens.

Un peu de bonheur dans un pot qui ment.

 

Bref, ma soeur attendait que je sorte de ma torpeur, j’avais la main crispée sur le rebord de l’évier, et j’entamais mon tournicota de bouteille, relisant attentivement l’arrière et l’étiquette avant du bidule.

Rien n’avait changé, c’était toujours aussi absurde.

 

Fleurance nature Gel d’aloe Vera 96%

Chez Fleufleu, ils présentent la chose comme un « Gel aloe vera 96%, réparateur et apaisant ».

Pour info, la différence entre le gel (dont on parle souvent en cosmétique) et le jus est que :

  • le gel est en général du jus additionné de gomme xanthane pour épaissir la texture
  • le jus, c’est tout simplement le produit à l’état presque naturel (dont on a retiré l’aloïne, la petite amertume de la feuille)

Quand on regarde la composition du soin, on a de l’eau, de l’hydrolat de menthe poivrée (tonique et décongestionnante), de la glycérine (rappelez-vous, il ne faut pas excéder 10-15 % du total pour ne pas transformer le côté hydratant en déshydratant), de l’alcool (pour la conservation), de l’extrait d’algue, de l’extrait de jus de feuille d’aloe en poudre, de la gomme xanthane, et deux conservateurs.

AQUA, MENTA PIPERITA LEAF WATER*, GLYCERIN, ALCOHOL**, CHONDRUS CRISPUS EXTRACT, ALOE BARBADENSIS EXTRACT LEAF JUICE POWDER*, XANTHAN GUM, SODIUM  BENZOATE, BENZYL ALCOHOL. *Ingrédients issus de l’Agriculture Biologique  **Transformés à partir d’ingrédients biologiques

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En gros, ce sont les éléments aqueux et la gomme xanthane qui vont gonfler la poudre d’aloe et lui permettre d’atteindre ce pourcentage mirobolant de 96%. Il s’agit donc ici plus d’une dilution que d’un gel quasiment entièrement brut comme le suggère l’emballage.

D’ailleurs, en allant creuser sur le site de Fleurance, ils mentionnent à la fois « gel à l’aloe vera » et plus haut « gel pur », de quoi rendre gaga.

 

Par la porte ou par la fenêtre, on est plutôt loin d’un soin d’une pureté presqu’absolue, quand on a une liste qui commence par de l’eau, on sait que l’on aura forcément affaire à des actifs dispersés plic ploc dans un tout. Aussi, quand un ingrédient comme l’aloe vera est réduit en poudre, on observe une perte qualitative des bénéfices de la plante. Cela ne veut pas dire que la bouillasse finale n’aura aucune capacité curative, juste qu’elle sera bien moindre.

 

J’avoue que le discours de Fleufleu est assez perturbant, et que même en ayant une certification cosmebio, qui n’accepte pas l’eau comme ingrédient naturel, ils arrivent à contourner le problème en réhydratant de la poudre d’aloe vera et reconstituant ainsi du gel.

DONC, si vous voulez disposer de l’ingrédient pur, soit vous vous achetez un petit plan d’aloe barbadensis miller, dont vous couperez les feuilles, extrairez le liquide jaune (vous n’en avez pas besoin, c’est même toxique à haute dose quand ingéré par voie orale), et vous tartinerez le visage avec le suc.

Soit vous faites confiance à des marques qui portent bien leur nom – comme pur’aloe – qui placent en haut de liste le principal intéressé.

 

Quoiqu’il en soit, le bio n’est pas garant de l’excellence d’un cosmétique, juste de la bonne culture de certains ingrédients.
Si l’on veut vraiment savoir ce que l’on met sur son visage, la bonne vieille méthode de l’analyse d’Inci reste la meilleure, believe me.

 

Des bisous les Caribous !

Caribouland
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4 réponses à “Un cactus n’est pas une pipe #tome3

  1. Florine

    J’ai bien aimé ton article. Effectivement il ne faut pas se laisser berner par le côté marketing… Moi j’utilise le serum à l’aloé Vera de la marque Benton (sur le site ma bbcreme) et franchement il est top pour une compo assez safe ^^ des bisous caribous

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