Catégorie : Humeurs

3 juin 2013

De l’égoïsme à l’altruisme, pour retourner à l’égoïsme

ol-copie-3.jpg Dans des situations qui font la vie de tous les jours, il y a des petites attentions qui nous font plaisir et d’autres que nous sommes fiers d’offrir aux gens qui les méritent.

 

Me concernant, je n’ai pas la notion de mérite dans l’immédiat.
En général, je suis extrêmement généreuse avec tout le monde, et, même si j’ai un caractère de chien, je le cache bien derrière des cadeaux et toutes sortes de gestes qui font de moi une personne qui « donne beaucoup » d’elle-même.

Je donne beaucoup de moi-même sans rien attendre en retour, parce que je suis naturellement habituée à devancer les besoins de mes proches.

 

Je passe souvent de moi à l’autre quitte à un peu oublier mes besoins, pour faire en sorte que quand tout le monde rentre à la maison, il n’y ait pas trop de choses qui dépassent (tout est rangé, soigné, j’ai pris le courrier, fait des petites courses, nettoyé, dépendu le linge, rependu le linge) et que chacun se sente bien au quotidien.
Il y a donc tous ces petits bouts de moi éparpillés un peu partout sur lesquels ces gens qui reviennent de leur longue journée jettent leur sac, râlent quand même, parlent de plein de choses sans jamais voir que du matin au soir, il y a eu un « effort » qui s’est opéré.

C’est pourquoi je fais sans arrêt ce passage de moi aux autres, pour revenir à moi.
Parce que, parfois, au détour d’une conversation, je me rend compte que finalement ce que j’ai fait est inutile, que malgré le fait que je sois au service des autres, personne n’est à mon service.

 

Alors, ce n’est pas grave en soi, c’est dans ma nature de donner plus que de recevoir, mais j’ai des limites.

Et je n’aime pas qu’on me donne l’impression de profiter de moi.

Caribouland
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25 mai 2013

Râin

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Il paraît que la pluie rend les gens nerveux.

Mais comme tous les belges sont plus ou moins nés dans une flaque, le fait de voir tomber de l’eau du ciel les laisse imperturbable.
J’ai toujours connu ça, les gros nuages, c’est sûrement les premiers mots qu’on apprend à l’école, ceux qu’on ressortira toute sa vie à chaque fois qu’un gros cumulus fait des siennes.

Il pleut souvent en novembre mais mai, cette année, fait de la résistance.

 

Parfois, pour passer l’ennui, les gens se choisissent une saison en laquelle ils croient : il y a ceux qui ne jurent, comme moi, que par l’hiver, les guirlandes, la neige poisseuse qui commence à fondre, la buée qui se forme quand on parle trop près d’une fenêtre, les écharpes et les cadeaux rouges et verts.

Et puis ceux qui préfèrent l’été, le soleil, la plage, se rouler dans l’herbe chaude et vivre en short.

Les saisons intermédiaires ne font que peu envie même si elles participent au charme des celles que les gens préfèrent en général.

 

Il y a deux jours, il y a eu un orage qui a fait trembler les fenêtres sur Bruxelles, j’étais enfouie sous ma couette et je comptais les secondes qui séparaient les éclairs du tonnerre tout en étant prise par un semi-sommeil, en priant pour que je ne finisse pas carbonisée aux côtés de mon chihuahua.

 

Puis les heures suivantes ont laissé des traînées de brume dans le ciel, comme pour signifier que le mauvais temps n’était jamais loin, qu’il faudra toujours rester sur ses gardes tant que la Miss Météo n’avait pas trop l’air sûre d’elle en présentant son bulletin du soir.

Chez moi, la pluie amène le thé, le café, les livres à lire, les grosses chaussettes, le nez rouge, le petit rhume, la non-envie du chien d’aller se dégourdir dehors, un ralentissement du mode de vie, un hiver bis.

J’ai besoin de lumière pourtant, d’énergie, du coup je me colle au simulateur d’aube, je le regarde comme on lève la tête vers le soleil, en fermant peu à peu les yeux pour profiter de sa chaleur.
C’est vrai que j’aime l’hiver mais le printemps me manque.

 

Fort fort fort.

Caribouland
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17 mai 2013

Ce que j’aime chez les gens que j’aime

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Je n’ai jamais fait la bise le soir aux gens de ma famille.

Plus qu’une question de principe, je me disais que puisque je les verrais le lendemain, à mon réveil, cela ferait une sorte de boucle qui ne se finirait jamais sur un au-revoir ou ne commencerait pas sur un bonjour, il y aurait ce retour éternel que rien ne briserait.

D’où mon inquiétude à chaque fois que j’allais à une pijama party, où la mère disait bonne nuit, à grands renforts de calins, d’histoire du soir et de bisou sur le front.
J’avais horreur qu’on soit tactile avec moi quand tout ce à quoi j’étais habituée incluait la distance.

C’est un comportement que j’ai qui se retranscrit assez fort dans mon attitude générale, qui donne souvent une impression d’indifférence alors qu’il s’agit plutôt de vivre ensemble un temps donné, en des places éloignées, mais toujours proches par le coeur.

 

Quand j’étais adolescente, dans la cour de récréation, j’évitais de faire le tour du groupe pour claquer la bise à chaque joue, j’avais mieux à faire.
Puisque de toute façon moi et mes amis avions décidé qu’on était un groupe inséparable, pourquoi se le prouver chaque jour ? Je prenais ça pour acquis, comme quelque chose d’immuable.

Je remarque souvent ces groupes de jeunes gens, bras-dessus bras-dessous, qui crient une famine sentimentale déchirante alors qu’ils sont collés-serrés à leurs copains.
Force est de constater que peu de gens comprennent un comportement qui exclue le contact permanent pour signifier qu’on EST proches, ou qu’on A BESOIN de l’autre,c’est la raison pour laquelle j’ai perdu pas mal d’amis à une époque.

 

Parce que je n’étais pas souvent là, qu’on me reprochait un manque d’implication amicale, qu’on disait de moi que j’étais froide.
C’était un ressenti légitime, mais il se reflétait à chaque fois chez un certain type de personne qui était plus habitué à FAIRE SES PREUVES, montrer à tout prix au monde entier qu’on aime quelqu’un, plutôt que d’être dans la retenue.

Du coup, les années ont passé et j’ai fait des choix.
J’ai appris à me dire que j’étais fondamentalement une handicapée des sentiments, et que si les gens voulait s’intéresser à moi, il leur faudrait faire avec moyennant concessions raisonnables.

 

On prend les gens comme ils sont, et même si on ne change pas leur nature, on peut toujours espérer l’améliorer.

 

Mes vrais amis, sont ceux qui ne me claquent pas la porte au nez quand on ne s’est plus parlé depuis cinq mois, ce sont ceux qui ne font pas d’une misère une histoire hystérique, ceux qui restent dans mon girond sans qu’on prenne forcément de nos nouvelles tous les deux jours, ceux que je retrouve souriants et qui parlent de tout et de rien, ceux qui me laissent ce sentiment de plénitude.

Parce qu’avec eux je connais ce même cycle éternel que quand je ne faisais pas la bise à mes parents, ni le matin, ni le soir, c’est comme une porte toujours ouverte sur une plaine où l’on se retrouve à l’occasion.

Ce que j’aime chez les gens que j’aime c’est leur façon de m’aimer, même si pour ma part, je ne leur montre pas assez.

Caribouland
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2 mai 2013

What makes people happy

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Quand j’étais petite, dans la cour d’école, a commencé à se développer la mode des yoyos.

Un gosse est arrivé un matin avec un engin tout rond qui filait du sol à sa main, de sa main au sol, tendu sur un fil qui le guidait dans sa course et l’envoyait valser en l’air.

On était déjà passés par les Tamagotchis et les Furbys, des jouets assez évolués pour l’époque, mais nous prenait alors l’envie de retourner à nos basiques, à des jeux qui avaient déjà fait leur preuve auprès d’autres générations de gamins.

Ainsi, en une semaine, nous nous étions tous retrouvés avec des yoyos au bout des doigts et ça nous rendait heureux comme des rois.

Le bonheur ça se cache un peu partout, dans le trou à l’intérieur d’une poche duquel on extrait un billet oublié, moi mes petits bonheurs se comptaient par milliers à ce moment-là et étaient empreints de simplicité.

J’allais à la chasse aux escargots dans le fin fond de la France, je mangeais des pizzas généreuses en Sardaigne au bord de la mer, je savourais l’odeur de l’herbe après la pluie, celle du gazon fraîchement coupé, je touchais les vêtements les plus doux d’un magasin, je marchais sur une dalle sur deux dans la rue.

 

Les moments de plaisirs changent avec les années, ça mature, ça prend une dimension plus sérieuse.

Maintenant que je suis jeune adulte, j’arrête de jouer avec le rouleau de papier toilette dans les WC, je n’aspire plus mes pâtes sauce tomate pour m’en mettre partout en public, je ne retiens plus les blagues, j’ai des soucis et des envies non réalisables.

D’où la petite frustration.

Je regarde l’enfant dans le tram qui mange un paquet de bonbons grand comme ça, sans se faire engueuler par une balance imaginaire, je râle parce que j’ai une trace de bic sur les mains alors que quand j’étais môme, je peinturlurais ma paume avec un magicolor noir sans que cela me pose un problème esthétique quelconque (puis, plus c’était moche plus c’était drôle).

J’éprouvais un plaisir indescriptible à construire une cachette dans les bois à douze ans, à rester sous la couette pour écouter Fun radio tard le soir, je cherchais des recettes pour devenir une sorcière et cela m’électrisait, convaincue que j’étais de pouvoir passer dans un autre monde grâce à un miroir bien orienté.

Alors, parfois, quand je me retrouve devant un donut bien gonflé de crème, je me fais une folie et brave l’interdit de la bienséance, je mord dedans et souffle avec mon nez pour faire voler le sucre glace.

Et toute prise dans mon nuage blanc, j’imagine la licorne qui m’attend pour me ramener chez moi, décorée de bouclettes rose et bleues et pimpante comme une Ferrari toute neuve.

Y a pas de mal à être grand, tant qu’on rêve encore un peu.

En tout cas moi, c’est ce qui fait mon bonheur.

Caribouland
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3 avril 2013

Le sevrage après le gavage

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J’en parle peu souvent parce que ça me touche de près et que ça rythme plus ou moins ma vie, mais mes migraines sont potes avec des médocs peu recommandables.

 

Il y a deux ans, après des maux de têtes violents et une crise de spasmophilie, j’ai suivi un traitement de fond, comme ils disent.

Je vais chez un neurologue qui me fait marcher (pour de vrai), prend des mesures, parle avec moi, et après une heure et demie de consultation, me donne une ordonnance toute belle pour un anti-dépresseur quand je me demande encore comment j’en suis arrivée là.

J’ai beau la supplier de trouver autre chose, elle ne veut rien entendre.

 

Bon.

Je suis les recommandations à la lettre, je deviens un peu déphasée par rapport aux gens, j’ai un temps de retard en début de traitement, du mal à répondre du tac au tac, je mets quelques secondes pour assimiler les informations et pouvoir y répondre.

Les premiers jours sont insupportables, tout va trop vite à la télévision, je suis incapable de me concentrer et j’ai l’impression d’être agitée de l’intérieur sans pouvoir libérer toute cette énergie stagnante.

Il devient étrange de mettre sur le compte du médicament certains comportements, le fait de manger plus, d’être prompt à faire des activités, d’être plus ouvert. Il y a ce qu’on est et ce qu’on vous fait être avec quelques milligrammes en plus par jour dans vos veines.

 

Après un an de grand bonheur, à gober sans broncher cette pilule blanche qui a fini par me faire voir la vie en rose, j’étais devenue une baudruche: de 47kg pour 1m63, j’ai frôlé les 62kg.

Une boulette quoi.
Je ne me suis pas rendue compte tout de suite du changement, on s’en est juste aperçu d’un coup, comme ça, comme si pendant la nuit je m’étais plaqué de la graisse un peu partout sur le corps et que j’avais trouvé ça joli.

Mon visage avait un double menton qu’on ne pouvait cacher, j’ai donc décidé d’arrêter le traitement parce que je n’avais plus l’impression de me reconnaître dans le miroir et que mes pantalons refusaient les uns après les autres de se fermer.

Sauf que, ce n’est pas si simple de couper le cordon.

 

Quand on suit un traitement de fond pendant un aussi long laps de temps, l’arrêt progressif entraîne des effets indésirables qui m’ont accablée pendant deux-trois mois : nausées qui me poussent aux toilettes sans vomir, vertiges à chaque pas, chute de tension improvisées, imprévisibles et l’humeur fluctuante.

 

Je n’avais plus trop de crises de migraines, donc je me disais qu’au final, je ne devrais plus repasser par un traitement aussi « lourd » pour une fille en bonne santé, et vu que mon cerveau avait appris à ne pas trop s’agiter pendant une période de stress, je pouvais naviguer tranquillement sur les flots sans m’inquiéter de chavirer.

 

Le sevrage se passe tant bien que mal, je tangue encore un peu sur mes pieds, mais je suis plus lucide que quand je prenais ma dose quotidienne.

Puis rebelotte.

Il y a quelques mois je suis en crise, j’enchaîne des maux de tête, des céphalées de tension et des migraines alternées et le moindre énervement me couche au lit.

Presque en pleurs et plus que pitoyable, j’arrive à joindre ma neurologue qui me redirige vers mon médecin pour trouver un traitement en attendant de la voir.

 

Une semaine plus tard je suis sous bêta-bloquants.

Une horreur.

Le début se passe mal, j’ai le coeur qui pompe trop doucement à mon goût, je marche sur de l’ouate et n’arrive plus trop à réagir en temps et en heure.

 

Puis je m’habitue petit à petit à vivre comme un escargot et à accepter qu’un coeur qui bat moins vite c’est aussi une solution contre la migraine, que les médecins savent ce qu’ils font.

Effectivement, après plusieurs mois, je n’ai quasiment plus de crise, mais aussi, je n’arrive plus trop à faire d’efforts.

Courir est plutôt pénible, monter ou descendre des marches d’escalier me crève, je pèse 55 kg mais j’ai toujours l’impression de ne plus être pareille.

 

Je décide de voir le médecin, pour lui dire que j’aimerais qu’on arrête de rigoler, que le cirque a assez duré, et que je veux qu’on me dédouane de ce genre de médicament sur le champ.

Si avec l’anti-dépresseur, j’étais dans un bonheur béat et complètement aveugle, le bêta-bloquant, lui, joue sur un terrain plus glissant.

 

Mes pensées qui jusqu’alors ne s’étalaient que sur du court terme, à me demander ce que j’allais devenir dans un mois, ont pris le large et me font désormais voir ma vie d’un bout à l’autre.

Comme une cage d’incertitude, chaque pas dessine un grand trou noir, je ne suis plus sûre de rien et en doute permanent, rien que du joyeux qui angoisse plus qu’il ne rassure.

 

Second sevrage.

Je suis en plein dedans.

Le docteur me dit « vois jusqu’où tu peux aller, et si tu te sens bien à une certaine dose, on continuera comme ça ».

 

Moi je veux que ça quitte mon sang, que ça arrête de jouer avec mon coeur, ma vie, mon cerveau, c’est trop d’enjeux dans un seul cachet.

 

Je suis d’humeur exécrable, m’énerve à la moindre anicroche, et comme je ne peux descendre les doses que par paliers, je suis contrainte d’attendre avec impatience de pouvoir retirer quelques mg tous les 10 jours en espérant me sentir mieux.

Je suis toujours aussi fatiguée.

Dans 24h, je descendrai d’un second pallier, en espérant que mon état migraineux n’empire pas, que je ne doive pas faire trop d’efforts pour garder le cap et que les effets indésirables du manque ne soient pas trop présents.

 

J’ai écrit ce billet pour que vous réfléchissiez à deux fois quand on vous prescrit des traitements de fond : parce que oui, certes, ils vous offrent un confort de vie pendant quelques mois, quelques années, deviennent une béquille, mais il faut accepter que la migraine, c’est un flou médical, que ça inclut trop de choses pour être traité aussi facilement.

L’impression d’être une poule à qui on lance des cachets pour qu’elle ne fasse pas trop de bruit m’insupporte aussi.

On est faible dans ces cas-là, dans le cabinet d’une personne qui a fait des études pour vous soigner.

On pense que tout se résoudra sans encombres, qu’on aura que le bien dans une pilule sans aucun aspect négatif.

C’est faux.

 

Et ça avait trop d’impact que pour que je me taise.

Caribouland
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