Dernièrement, à la lecture d’un article où il était mentionné que « les taches de rousseur étaient la nouvelle tendance de cet été », je me suis demandée si la journaliste s’était penchée sur son sujet. Parce que bon, quand on arrive à dire d’une spécificité génétique qu’elle est « IN », on touche le fond grumeleux des modes douteuses.
Bientôt on dira que le bégaiement est un atout primaire et que les cheveux crades font partie des nouvelles lubies des stars, manque plus qu’à prôner le retour des dents qui se chevauchent et on aura atteint l’apogée.
WHY.
Et j’essaye de garder mon calme, parce que je ne peux pas, physiquement, « sauver le monde », et que les gens font ce qu’ils veulent et se fringuent comme ils le sentent, mais depuis les années 2000, le mouvement général est à qui mettra l’échelle encore plus haut (ou plus bas, c’est selon), en trouvant un nouveau penchant hors norme qui en deviendra une, de norme.
J’étais pour les sourcils épais, le cheveu wavy, roux, le stamping, le no makeup makeup, mais quand le blur a débarqué, j’ai fait couic.
Je vous avais déjà parlé de ces bases qui permettent au maquillage d’être mieux appliqué (sur une peau qui craint, on voit tout de suite la différence), et de garantir sa longue durée.
Elles ont changé de nom récemment et se font appeler les blur, fluides qui jouent aux soins sans en être, de petits miracles.
La dernière en date qui fait chavirer tout le monde est la Micro Blur Skin Perfector de Kiehl’s et je me devais de réagir parce qu’honnêtement, je ne trouve pas que les vendeurs de la marque soient eux-mêmes assez informés sur le produit.
Un peu de soin dans le brouillard ?
Question simple : est-ce qu’il vous arrive, après votre routine de soin, d’appliquer un produit de maquillage avant d’aller dormir ?
Oui, non, peut-être ? Pour ressembler à la blonde au bois dormant ?
Plusieurs témoignages sont arrivés à mes oreilles comme quoi le Micro Blur était un vrai soin et qu’il pouvait agir sur la peau de NUIT (!!!) comme de jour. Re couic, et analyse de compo pour le bien de la planète.
Le premier ingrédient n’est pas de l’eau mais du SILICONE (et je ne vais pas tous les citer parce qu’honnêtement, c’est le premier produit que j’analyse qui en contient autant !!), puis un peu de glycérine et re-silicone, et ainsi de suite, il y a une flopée d’ingrédients filmogènes dans la formule.
Là où le bât blesse, c’est quand la marque avance qu’il s’agit d’un soin qui améliore la qualité de la peau au fur et à mesure des utilisations alors que, clairement, au regard de sa formule, il n’y a rien de spécifiquement bénéfique pour la peau, on peut même y voir de l’alcool assez haut placé, j’ai vu plus probant comme « actif ».
Le Blur de Kiehl’s se targue de contenir des acides naturels (des lipo-hydroxy-acides, dérivés de l’acide salicylique, ce fameux BHA qui débouche les pores comme un dieu) qui à terme, devraient agir sur le teint en le rendant plus éclatant en le débarrassant naturellement de ce qui le ternit.
Il y a donc des LHA, sous forme d’extraits de plantes, placés bien en-dessous du phenoxyethanol (dosé à maximum 1% dans les produits cosmétiques je le rappelle, c’est la loi), entendre par-là qu’ils ont une action tellement faible que le frottement de votre main sur le visage serait plus efficace pour vous dégager les cellules mortes et les pores.
Si tu pensais t’acheter une vraie base bien foutue qui améliore le grain de peau, tu t’es un peu fait avoir.
Dimethicone, Aqua/Water, Glycerin, Dimethicone Crosspolymer, Methyl Methacrylate Crosspolymer, Isononyl Isononanoate, Alcohol Denatured, Vinyl Dimethicone/Methicone Silsesquioxane Crosspolymer, Butylene Glycol, Boron Nitride, Lauryl PEG-9, Polydimethylsiloxyethyl Dimethicone, Silica Silylate, Phenoxyethanol, PEG/PPG-18/18 Dimethicone, Perlite, Magnesium Sulfate, Caprylyl Glycol, Menthyl Lactate, Lens Esculenta Seed Extract/Lentil Seed Extract, Bisabolol, Parfum/Fragrance, Dextrin, Dimethiconol, CI 77491, CI 77492, CI, 77499/Iron Oxides, CI 77492/Titanium Dioxide, Synthetic Fluorphlogopite, Eperua Falcata Bark Extract, Farnesol, Limone, Disodium Stearoyl Glutamate, Alpha-Isomethyl Ionone, Citronellol, Aluminum Hydroxide, FMLA 685678 Code F.I.L. D163527/3
Don’t believe the hype
Quand un produit paraît trop beau pour être vrai, on tourne le flacon, on fait un peu de recherche et on se décide après.
J’ai été dérangée par la campagne de pub autour du Micro Blur parce qu’il avance une réelle capacité à entretenir la peau et à la rendre plus belle, dermatologiquement parlant, alors qu’au final il s’agit de poudre aux yeux (même s’il paraît qu’il est un des meilleurs flouteurs de sa catégorie).
Le seul grand intérêt de ce petit bijou chimique est qu’il peut photoshoper votre peau en moins de deux secondes, et c’est à peu près tout ce qu’on peut espérer attendre de lui.
Quant à la recommandation « peut s’appliquer le soir » après/comme votre crème de nuit, elle m’inspire l’image d’une fille à qui on oblige de porter un manteau alors qu’elle n’a pas froid.
Inutile.
Si vous voulez vraiment prendre soin de vous, hydratez la peau, achetez des crèmes qui remplissent leur rôle, parce qu’une base reste une base et n’apporte rien comme actifs intéressants (à part l’effet grosse doudoune cité plus haut), sans parler du carnage qu’elle peut faire sur des peau qui s’engorgent vite comme la mienne.
J’ai très mal dormi la nuit passé, les jambes par-dessus la tête pour essayer de ne pas entendre l’orage qui grondait, du coup le jour qui suit est toujours un jour de râlerie.
Mais je vais me boire un café.
Je ne dénigre pas le produit, juste les mots qu’on choisit dans les recommandations d’usage. Oui parce que moi aussi je parle le « cosmétique », et quand on fait passer une base pour une crème hors norme, ça m’irrite les yeux.
J’ai vu mieux comme entourloupe.
Des bisous les Caribous !
Caribouland